L'AUTRE QUOTIDIEN

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Allez allez, Vodou alé !

Chouk Bwa propose son actualisation du vodou où chaque rite est associé à un ensemble de rythmes qui appellent les Lwa (esprits vodou). Son Vodou Alé dépote sérieux et c’est plus que passionnant, on s’explique.

Chouk Bwa & The Ångströmers

Le qui fait quoi : l’album Vodou Alé a été enregistré en décembre 2018 aux Ateliers Claus de Bruxelles. Un seul des morceaux (Odjay Nati Kongo) provient d’une session d’enregistrement réalisée à l’Institut Français de Port-au-Prince en avril 2017, suite à une résidence de création menée dans la campagne haïtienne, près de Gonaives, cœur vibrant du vodou.

Les parties de tambours et les voix ont été enregistrées en conditions de “live” et ont fait l’objet de très peu de découpages. Il y a donc une dimension brute affirmée. Des premiers éléments de parties électroniques ont été enregistrés simultanément à ces prises, comme un bloc-notes. Ce seraient de potentielles sources d’inspiration pour la suite. Certaines parties de synthés ont été co-créées avec Chouk Bwa lors de la session de Bruxelles.
Ensuite The Ångströmers se sont réunis en leur studio à Bruxelles où ils ont produit toutes les parties électroniques. Cette phase s’est poursuivie sur toute l’année 2019. Les musiciens de Chouk Bwa ont donné des feedbacks réguliers afin de garantir leur pleine adhésion au projet et surtout un respect scrupuleux du vocabulaire musical et mystique du vodou. En août 2019, The Ångströmers se sont également rendus aux cérémonies vodou de Soukri, près des Gonaïves, afin d’approfondir leur connaissance du vodou et documenter la cérémonie vodou dans son ensemble (enregistrements audio et video). L’album a été mixé au studio Northward, Rhode Saint Genèse et masterisé chez Ångström, qui est aussi un studio de mastering réputé à Bruxelles. Pour les durs de la feuille, exemple, ci dessous :

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Le son qui en sort : la structure des chansons est fortement inspirée du chant en appels et réponses typique de nombreuses traditions musicales, telles qu’on en trouve notamment en Afrique de l’Ouest, d’où de nombreux esclaves étaient déportés vers les Amériques. Le vodou haïtien s’inscrit donc logiquement dans cette lignée.

L’apport de The Ångströmers consiste d’abord à colorer et élargir les sons issus de Chouk Bwa. C’est par exemple le cas dans Fidélite. Dans les morceaux instrumentaux (Rårå et Kay Marasa Dub) les producteurs construisent une partition électronique qui structure le morceau. Des sons ajoutés, le plus souvent abstraits d’un point de vue tonal, et donc plutôt présents comme des matières, viennent parfois en contrepoint de l’écriture des chansons (voir le “serpent” de basse dans Negriye). Dans deux morceaux (Move Tan et Sali Lento), l’intervention de The Ångströmers s’inscrit dans un champ tonal, mais le parti pris d’un travail non conventionnel sur les timbres reste présent.

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Au finish : ici, la transe millénaire vaudou devient urbaine, contemporaine. Dans ce processus, c’est la musique qui dirige. Aucun ordinateur ni boîte à rythme, n’oseraient venir la brider et c’est justement l’échange créé par le groupe haïtien et le duo Nicolas Esterle et Frédéric Alstadt qui forme The Ångströmers qui donne autant l’actualité du propos politique, en même temps que la furia musicale qui prend aux tripes. Tout bon !

Jean-Pierre Simard le 26/05/2020
Chouk Bwa & The Ångströmers - Vodou Alé - Les Disques Bongo Joe / l’Autre Distribution