Sidiku Buari est un ghanéen d’Accra : chanteur, danseur, percussionniste, compositeur et co-arrangeur qui, à travers sa musique, mixe des ingrédients traditionnels du Ghana à un rythme disco américain et plus. Son intention est de donner du plaisir en éduquant. Mais ce live (qui sent le pipeau) n’est que la partie disco immergée de l’iceberg… 

En effet, son monde ne commence ni ne se termine en 1979 avec Revolution (Live Disco Show in New York City), cette compilation BBE qui vient de sortir. Excusez du peu …  Sidiku Buari est né à Accra où Il a fait ses études à l'école publique de Row Road et à l'African College. Athlète de très haut niveau, il a ensuite été médaillé d'argent aux Jeux africains de 1963 Dakar au Sénégal, en 400 mètres. Lors de l'épreuve d’athlétisme des Jeux africains de 1965 à Brazzaville, République du Congo, il a été médaillé de bronze dans le relais 4 x 400 mètres avec l'équipe du Ghana. Et là, changement de cap d’importance, il s'est installé aux États-Unis en 1966, où il va étudier la musique à la New York School of Music, puis la décoration intérieure à l'université de La Sale à Chicago, dans l'Illinois. Il a joué au baseball non professionnel pendant son séjour aux États-Unis. La première trace musicale qu’on trouve de lui, date de 1977 avec le Hard Times ci dessus. Et, comme de nombreux artistes africains, il va balancer sa production en direction de son pays, après être devenue une star surprise de la disco dans le métro new-yorkais ( assertion de la maison de disque… ) auréolé d’une signature chez RCA qui va le voir enregistrer deux albums dont un (sur lequel figurait la légende du soul-jazz Bernard Purdie) qui a été l'un des premiers LP afro-funk grand public à être mis sur le marché aux États-Unis. Après deux albums ultérieurs qui ont produit quelques classiques de l'afro disco, dont l'incontournable "I'm Ready", il est finalement retourné au Ghana.

Son retour au Ghana en 1985 et la sortie consécutive de Africa Responds to the World ( et le succès massif) de 15 albums suivants est un coup de maître. A tel point qu’il va prendre la présidence de l'Union des musiciens du Ghana (MUSIGA) et la vice-présidence de la Fédération internationale des musiciens (FIM), tout en faisant du business dans le cinéma africain avec un certain succès.

On ne sait pas s’il est l’inventeur de l’afro-disco … mais l’un d’entre eux, c’est sûr. Passé cette mode qui l’a vue mixer éléments highlife et beat disco avec arrangements ad hoc et boogie furieux, il va faire sa propre mouture afro-électro-funk, offrant des morceaux riches en lignes de synthétiseur colorées, en batterie électronique percutante et en voix dans sa langue maternelle qui naviguent de basses slappées en dub à flûte… 

A chercher un équivalent de l’époque qui œuvrait dans les mêmes eaux, on tombe obligatoirement sur le nigérian William Onyeabor qui a gagné sa vie en faisant de la techno avant l’heure, tout en travaillant dans le cinéma ; avant de tout quitter pour fonder sa propre religion…  Pour les curieux, on trouve d’autres perles sur le label SoundWay. En mars 2019, l'ancien président de l'Union des musiciens du Ghana (MUSIGA), Alhaji Sidiku Buari, a été récompensé par le Prix honorifique de la République panafricaine pour l'ensemble de sa carrière, en raison de sa contribution méritoire au développement des industries de la musique et du cinéma au Ghana. Après avoir reçu le prix, l'ancien président de MUSIGA a remercié les organisateurs pour l'honneur qui lui a été fait.

 "Je ne m'attendais pas à être reconnu de cette façon. C'est une grande surprise et cela signifie beaucoup pour n'importe quel musicien. C'est un grand privilège. C'est l'œuvre d'Allah.”

Une dernière petite sucette kitsch pour les oreilles, pour finir sur l’album :

Jean-Pierre Simard le 4/02/2020
Sidiku Buari - Revolution (Live Disco Show in New York City) - BBE Music