L'AUTRE QUOTIDIEN

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Cyril Cyril revient broder nos cauchemars avec sa Mickey Mouse Shit

Yallah Mickey Mouse peut se lire (s’écouter) de deux manières - au moins. Le second album des deux Cyril genevois est un genre d’actualisation du rock d’ici en repartant de Dashiell Hedayat et de ses Chrysler ou bien la vision par un poisson rouge de l’aquarium géant dans lequel nous confinons de concert/conserve. Oui mais… 

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Yallah Mickey House est le second album de Cyril Cyril, groupe genevois composé de Cyril Yeterian et Cyril Bondi. Ces deux disquaires (issus du groupe Mama Rosin pour l’un et des géniaux La Tene pour l’autre) avaient sorti un premier album intitulé Certaines Ruines en 2018 qui proposait déjà une musique expérimentale aux accents orientaux et psychédéliques.

Et quand on parle de racines psychédéliques, on repart bien des expériences actualisées du rock 70’s francophone qui zappe de Red Noise à Barricade, à élargir les cadres et jouer à côté pour se poser en miroir déformant d’un monde moisi ; liquéfié même disait Sollers ces jours derniers. Pour ce second disque, le duo pousse le curseur vers quelque chose de plus organique, de plus viscéral. Dès l’ouverture sur Les Gens, l’efficacité de la basse couplée à l’étrangeté de cette énumération nous plongent dans un univers inconnu mais euphorisant et les changements de rythmes et de sonorités ne font qu’accentuer cette sensation. Ensuite, les titres défilent et les les expériences s'enchaînent. On s’intoxique avec une dangereuse volupté dans Grisou; on scande en cadence dans Président; on chevauche halluciné sur Yallah Mickey Mouse. Tout cela est très grisant, mais pas seulement puisque cela dit un certain état du monde qui s’en va, nous momifiant de plus en plus dans les fantasmes régressifs de l’équipe au pouvoir.
Le clip qui suit est issu du précédent album.

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Derrière ces bizarreries bouillonnent 40 minutes menées tambour battant, disant la politique avec les ressources de la poésie, le petit plus qui fait la différence. Dès le morceau inaugural, les deux Suisses évoquent l’incapacité que l'on a de se retrouver seuls dans ce monde surpeuplé. Plus loin, dans Animal, cette voix neutre presque glaçante nous assène : "il apparait à présent que la plupart des différences qui nous distinguent de ceux qu’on appelle des animaux sont plutôt d’ordre quantitatif". Que dire d’Effondrement, où l’on se prend la main en attendant la catastrophe inéluctable. Pas étonnant dès lors de retrouver le Club de Rome dans Petit Destin.

Voilà voilà que ça recommence chantait déjà Rachid Taha devant la montée du clan Le Pen, mais si on vous parlait plus haut d’actualisation du propos, c’est parce que cela parle - bien son époque - avec l'élégance du propos et la vigueur et l’urgence du son.

On peut voir Yallah Mickey House comme un rugissement cathartique devant l’inéluctable ( Petits abus de pouvoir, ad lib… ) X-Crise … On peut aussi se souvenir que Mickey Mouse Shit était la définition de la propagande de l’armée US au Vietnam. Si vous rajoutez le Yallah de 2020 vous avez la contraction de l’islamisme crétin et de se désinformation. Vite, on réécoute pour savourer l’ici qui vient d’ailleurs avec un nouveau costume. Le roi est nu, Cyril Cyril vous l’explique en dix étapes.  Suivez le guide !

Jean-Pierre Simard le 30/10/2020
Cyril Cyril - Yallah Mickey Mouse -Born Bad Records