L'AUTRE QUOTIDIEN

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Mac DeMarco retrouve l'Ouest avec “Here Comes The Cowboy”

Si les débuts du canadien nous avaient charmés par l’équation minimale guitare-voix qui fait mouche avec un humour décalé, la suite des opérations l’avait vu se perdre un peu en étoffant la production avec des albums dispensables. Mais là, merveille, entre spleen et humour vache, il retrouve, avec la simplicité, le bonheur des mélodies minimalistes qui lui siéent.

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Mais bien sûr, personne n’envisage plus l’Ouest comme John Ford, sauf peut-être ceux qui rêvent d’une Amérique en plastrump, perdue dans des rêves régressifs d’un pouvoir passé aux chinois (qui possèdent le dette intérieure en cas de besoin). Comme Neil Young, Mac De Marco a émigré à Los Angeles autant pour la question du soleil que celle des studios et de l’environnement musical approprié. Mais, cette fois, c’est solo, en regardant la pluie qu’il a laissé couler le spleen qui l’habitait cet hiver - en se rêvant - mais par d’autres moyens qu’MC Solaar dans son nouveau western.

Et Sophie Rosemont dans Rolling Stone, la semaine passée définissait l’album ainsi : Fabrication organique, beaucoup d’acoustique, un peu de reverb’ et la voix au plus près du micro : le musicien livre treize chansons aussi courtes qu’efficaces. Bien qu’un « Choo Choo » plus relevé vienne bousculer l’ensemble, les ballades sont majoritaires, souvent réduites à leur plus simple appareil (le bien nommé « Heart to Heart », « Little Dogs March », « Skyless Moon ») parfois davantage orchestrées, telle une « All of our Yesterdays ».

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Rien que ça décrasse bien les oreilles, mais en creusant un peu, le monsieur retrouve des accents (fallait oser le parallèle) avec Michael Franks, du côté de Tiger in the Rain, classique californien souple au toucher et servi par un gang de jazzeux d’élites dont Ron Carter…  Alors, on en vient à jouer sur des terres empruntées la décennie précédente par Devendra Banhart le maximum du minimum à la guitare et à la voix - un son habité, rien que l’essentiel, mais posé comme contemporain, on croirait bien y entendre comme de l’électro par moments, par volutes (qui partent en fumée, comme chacun sait).  C’est un disque pour débrancher, de ceux qu’on écoute seul et avec plaisir, juste dans l’entre soi, un album de nuit, un nocturne qui oscille de la pluie au soleil et retour. Un excellent album.

Jean-Pierre Simard le 14/05/19

Mac DeMarco - Here Comes the Cowboy - Mac’s Record Label