L'AUTRE QUOTIDIEN

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La Suisse griffue d'Hyperculte sort bientôt son Massif Occidental

Découvert en live au BBMIX 2018 cet hiver, le duo genevois Hyperculte nous avait fait forte impression, car on y avait retrouvé la filiation Areski/Fontaine meets Art Ensemble of Chicago en version XXIe siècle, une branche expérimentale de la chanson francophone peu exploitée par le rock, sauf du côté de Diabologum de Michel Cloup. Explication.

Simone Aubert et Vincent Bertholet aka Hyperculte

La pochette du précédent album signée Diego Sanchez faisait référence à la géniale série Wilder Mann de Charles Frégier que nous vous avions évoqué il y a déjà quelque temps, ici-même. Et à juste titre, en bons helvètes, Hyperculte repart de cette tradition pour donner le la à une musique aussi explosive que tournée vers la transe que concoctent depuis des années Vincent Bertholet, contrebassiste franco-suisse et cheville ouvrière de l’Orchestre tout puissant Marcel Duchamp, avec à ses côtés, Simone Aubert, batteuse venue elle d’un groupe au nom tout aussi tranché  Massicot.

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D’un côté la contrebasse et de l’autre la batterie assortie d’effets électroniques suffisent à assurer un espace en perpétuelle évolution qui zappe toutes les notions connues de variété française, avant qu’elle n’endosse les oripeaux street du rap - d’Aznavour à Matt Pokora pour continuer à vendre la même merde à forte teneur en glucose. L’autre piste à suivre est celle donc des Colette Magny, Catherine Ribeiro, et de tous les francophones du catalogue Saravah early 70’s, sans oublier les frissons krautrock ou post punk. Et pour cause, le discours est similaire, à chercher du côté du surréalisme et de Dada, de la vie revendiquée sans temps mort ni renoncement pour mieux lui filer la pulse qui fait du bien, comme sur Siamo Tutti (Nous sommes une armée de rêveurs et , pour cette raison, nous sommes invincibles…) La simple mention des titres ( De l’or, Homme , Temps Mort, Siamo Tutti, Chaos, Tôt ou tard, Eisbaer, Wow… donne une idée de leurs enjeux et du joyeux bordel qu’ils concoctent pour faire mousser le son et monter la transe. Comme ici avec Bataille, le très Motorik clip tiré du précédent album.

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A la suite d’Alfred Panou, dont le merveilleux et seul 45 tours (ressorti à l’occasion du Disquaire Day de 2019 au Souffle Continu) Je suis un sauvage se foutait absolument et avec ironie du racisme ambiant début 70’s, les mots mordent, griffent, bottent le cul et veulent absolument vous réveiller d’un sommeil savamment entretenu par l’industrie discographique, vous invitant à danser sur le feu et ne jamais vous résigner.

Entre chanson expérimentale, jazz et électro, Hyperculte balaye les certitudes et fait le ménage devant votre porte, au pied de vos oreilles. jouer/jouir fort, dire plus avec la poésie et s’ancrer dans la réalité pour dire son étonnement, sa vitalité, son désir et ses manques… Un genre de truc qui va avec le printemps et se rappelle à vous pour dire qu’il est temps de vivre enfin…  Partis à la recherche de l’étoile qui danse de Nietzsche, il semblerait qu’Hyperculte ait trouvé un truc. Nous pourrions danser ensemble (Siamo Tutti). On ajoute que, passionnant sur disque, sur scène ça prend une toute autre dimension. Un titre est déjà dispo en digital, ll faudra attendre le 26/04/19 pour choper la version complète numérique ou vinyle. C’est dit!

Jean-Pierre Simard le 15/04/19

Hyperculte - Massif Occidental - Disques Bongo Joe/l’Autre Distribution