L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le When I Get Home de Solange en modèle black & beautiful 2019

Trois ans après A Seat at the Table, When I Get Home, quatrième album de Solange (Knowles), la sœur de Beyoncé, aligne 19 R&B percutants avec Pharrell Williams, Sampha et Tyler the Creator. S’il s’avère un peu noyé dans les interludes, il ouvre aussi sur le jazz et c’est une excellente nouvelle.

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Avec un petit coup marketing très efficace, Solange l’a balancé il y a une semaine exactement, après n’en avoir avoué la sortie qu’au début de la semaine passée pour éviter les fuites et le téléchargement. Bien vu ! Long de 19 titres (dont cinq interludes et une intermission), When I Get Home s'inscrit dans la lignée du précédent "A Seat at the Table", tout en ajoutant des touches jazzy à son R&B. Pour l'occasion, Solange a collaboré avec Pharrell Williams, Sampha, Blood Orange et Tyler the Creator.

Depuis plusieurs jours, l'artiste avait teasé son retour à base de vidéos mystérieuses et une nouvelle page internet BlackPlanet sur laquelle elle annonçait « une exploration des origines ». Si l'apparition d'un nouveau titre était quasiment actée, personne n'attendait un opus entier dans la foulée.

Malgré de trop nombreux interludes cassant le rythme, l’album de Solange est une bonne surprise qui mêle jazz, soul, R&B sur lequel on entend des références 70's comme sur "Way to the Show" ou "My Skin My Logo", bien lotis en basses profondes. Sur ce dernier morceau, elle s’offre même un duo avec Gucci Mane, tandis qu’Almeda met en avant sa fierté afro-américaine : « Black skin, black braids / Black waves, black days / Black baes, black days / These are black-owned things / Black faith still can't be washed away / Not even in that Florida water ».

Malgré sa brièveté (39 minutes), l'album déroute à la première écoute et il en faudra plusieurs pour l’apprécier pleinement. Alliant productions légères et textes quand même un peu répétitifs, "When I Get Home" lui permet de se dévoiler comme jamais au milieu de productions épurées. Dans "Dreams", elle nous conte même ses rêves de petite fille : « I grew up a little girl with / Dreams (...) they come a long way, not today ». Reste à savoir si cette quatrième proposition connaîtra un succès critique aussi résonnant que le précédent sur lequel on retrouvait "Cranes in the Sky" ou "Don't Touch My Hair" qui ont assuré son envol et propulsé sa carrière.

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Ce que le marketing robotisé des majors oublie c’est qu’être à la fois femme et afro-américaine aux USA sous Trump, n’est pas une mince affaire. Et que le retour de la dignité égalitaire qui semblait avancer sous Obama est plus que jamais remis en question avec ce gouvernement macho, raciste et arriéré… Alors, dès qu’on oublie le marketing ciblé, on trouve une album qui demande juste un temps d’acclimatation pour dire son actualité et sa place dans la société. Quand l’actualité du son rejoint le vécu, on atteint la bonne pop, l’expression par quelqu’un du moment dans une forme qui fait sens. Nickel !

Jean-Pierre Simard le 8/03/19

Solange, When I Get Home , Sony