Comment secouer la haute-couture avec Jonathan Meese
Jouant de l’ambiguïté des personnages, Jonathan Meese propose une plongée personnelle et ludique dans l’histoire secrète de la haute couture. Il convoque à la fois la nudité d’Adam et Ève, comme la Terreur ou l’uniforme des fillettes de la Jeunesse Hitlérienne. Ainsi émergent en un étrange panthéon, les figures fantomatiques de Saint-Just ou Robespierre, côtoyant autoportraits, vampires et monstres, mais aussi de nombreuses fashion victims. Top fun, mais bien vu !
Cinq ans après sa dernière exposition, Jonathan Meese fait un retour spectaculaire à Paris avec son propre « MEESE fashion show ». Hommage à la capitale de la mode, cette exposition foisonnante mêle dans l’espace de la galerie installation, sculptures et peintures. Prenant pour point de départ un hommage déjanté à son compatriote Karl Lagerfeld, récemment disparu, Jonathan Meese propose une galerie de portraits de quelques figures clés de la mode : Coco Chanel, Yves Saint Laurent, John Galliano, mais aussi Louis XIV, présenté comme première icône de mode.
Né à Tokyo en 1970, Meese vit et travaille à Berlin et Ahrensburg. Il a développé une œuvre inclassable, entre expressionnisme et actionnisme, qui associe peinture, sculpture, installations et performance.
Il a beaucoup exposé à l’international depuis sa première présentation à la Biennale de Berlin en 1998. D’importantes expositions collectives comme Generation Z au PS1 à New-York en 1999, New Blood à la Saatchi Collection à Londres en 2004 ou Dionysiac au Centre Pompidou en 2005. La Deichtorhallen de Hambourg et le Magasin de Grenoble lui ont consacré une rétrospective en 2006 : Mama Johnny. En 2011 le MOCA de Miami propose une rétrospective des sculptures de l’artiste. En 2012, l’Akademie der Künste de Vienne a présenté une large rétrospective de son œuvre graphique. Récemment , Jonathan Meese a exposé à la National Gallery de Prague (2015), au Kunsthistoriches Museum de Vienne (2017), au Carré Sainte-Anne à Montpellier ( 2017) et à la Pinakothek der Moderne à Munich (2018). Cet été, l’artiste a investi la ville de Lübeck et la totalité de ses espaces d’exposition avec le projet Dr Zuhause: K.U.N.S.T (Erzliebe).
L’artiste a également réalisé de nombreux décors et scénographies pour le théâtre et l’opéra notamment le Dionysos de Wolfgang Rihm présenté au Festival de Salzbourg en 2010 et au Staatsoper de Berlin en 2012. Il a également signé la scénographie de la Médée de Charpentier mise en scène par Paul Audi au Théâtre des Champs Elysées en 2012. Son improvisation sur le Parsifal de Wagner au Berlin Staatsoper en 2005 et son Hommage à Noël Coward à la Tate Modern en 2006 ont marqué les mémoires. En 2007, il écrit et interprète De Frau: Dr. Poundaddylein — Dr. Ezodysseusszeusuzur au Volksbühne de Berlin. Jonathan Meese prépare actuellement un nouveau spectacle Lolita®evolution (Rufschädigendst)-Ihr Alle seid die Lolita Eurer Selbst ! dont il présentera cinq performances à partir du 15 février 2020 au Théâtre de Dortmund.
Jonathan Meese interroge sur la frontière entre nature et culture, créativité et conformisme, apparence et pouvoir ; des thèmes qui hantent son travail depuis plus de vingt ans. À une époque où l’industrie de la mode s’est largement emparée de l’art contemporain et où l’art contemporain infiltre le travail de nombreux designers, Jonathan Meese propose un renversement jubilatoire des hiérarchies, et imagine un monde où l’art seul guiderait la marche du monde. What else, indeed ?
Paul Poirié le 19/11/19
Jonathan Meese - Meese Haute Couture (La Haute Couture de l’Avenir s’appelle Sommeil) –> 21 /12/19
Galerie Templon Paris 30, rue Beaubourg 75003 Paris