L'AUTRE QUOTIDIEN

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Un septième Beach House presque parfait en Dream Pop de luxe

Trois ans que l’on était sans nouvelles de Victoria Legrand et d’Alex Scally depuis leur double pactole avec Depression Cherry  et Thank Your Lucky Stars considérés comme des disques mineurs par rapport à leur parfaite discographie. Pour prouver qu’ils restent les véritables maestros en matière de dream-pop, le duo compte atteindre la perfection avec ce 7.

Le titre de l’opus n’est pas choisi au hasard car, c’est non seulement leur septième album (si l’on excepte leur compilation de faces B et de raretés paru l’année dernière), mais surtout cela a une signification particulière pour le duo: « L’avantage premier de l’avoir baptisé comme ça, c’est que cela laisse totalement ouvert le champ des possibles. Et j’adore forcément cette idée. Comme ça, nous n’imposons rien, aucun mot susceptible de tarir l’imaginaire ou d’induire la moindre mauvaise interprétation. D’autant qu’en usant de lettres, tous les titres potentiels qu’on trouvait semblaient fades ou réducteurs, et aucun ne semblait susceptible d’embrasser l’ensemble des morceaux. » 

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Dark Spring Beach House

Les barrés de Pitchfork ont émis la théorie que c’était voulu que le premier single de l’album dévoilé le fut en date du 14 février : soit le 1+4+2=7. Sans compter que toute leur discographie complète comporte 77 morceaux à ce jour. Bref, je ne suis pas là pour exposer les théories du complot et autres conneries du genre mais, bien parler du nouvel album du groupe le plus adulé de l’indiesphère. Même si les registres amoureux diffèrent quelque peu selon le gens qui les adulent… 

Pour la première fois depuis Teen Dream en 2010, Beach House n’a pas travaillé avec Chris Coady mais une autre pointure, Peter Kember alias Sonic Boom (Spacemen 3, Panda Bear, MGMT…) à la production. Le duo a également convié leur batteur de tournée James Barone à pratiquer son instrument de prédilection comme sur le premier titre résolument shoegaze intitulé Dark Spring, résolument étouffant et anxiogène qui implante avec perfection le décor de ce septième disque. Une fois de plus, le tandem Legrand/Scally étonne et voit large avec leur dream-pop qui n’hésite pas à élargir son champ visuel et musical pour aller chercher quelque chose de plus intense, viscéral pour ne pas dire sombre (l’influence de Sonic Boom y est pour quelque chose). Ainsi, on retrouve tout ce qu’on adore chez le duo sur des titres comme l’hypnotique Lemon Glow, ou sur Drunk In L.A. avec son refrain cristallin interprété avec perfection, sans oublier Woo et l’éthéré et cinématographique Dive, tire-larme par tant de beauté.

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Beaucoup plus aventureux que prédécesseurs, 7 apporte de la nouveauté dans la musique lancinante de Beach House, comme l’apparition du français sur le superbe L’Inconnue (faut-il encore rappeler que Victoria Legrand est la nièce Michel Legrand… ) lorsqu’elle chante: « Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept/Toutes les filles ne sont pas prêtes/Vers l’Eglise et la Seine, tous les cœurs et toutes leurs peines/Petite ange et l’inconnue/Sainte, la pute et l’ingénue ». Ce titre aux airs de comptine pour adultes, structuré en sept parties, est une référence au fameux tableau de L’Inconnue de la Seine. Ici,  Beach House privilégie l’énergie par rapport aux mélodies pour servir leurs arrangements et James Barone y va franco, même si l'on retrouve une atmosphère on ne peut plus psychédélique sur Black Car  et Girl Of The Year dénués de guitare, tout comme Pay No Mind, lui sans clavier. On retrouve aussi la ballade acoustique sublime  comme un coucher de soleil avec Lose Your Smile qui rappelle Mazzy Star par moments, ainsi que la poignante conclusion (comme le duo a l’habitude d’en faire) de 7 minutes intitulée Last Ride assez transcendant.

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Last Ride Beach House

Avec ce septième album, Beach House s’est réinventé  avec moins de reverb que par le passé, des textes plus ancrés dans l’actualité (le mouvement #MeToo en ligne de mire qui a inspiré la plume de Victoria Legrand et la pochette également), une ambiance plus psychédélique et des compositions plus intenses, mais restant oniriques. C'est donc le troisième meilleur album du duo de Baltimore aux côtés de Teen Dream et Bloom. On recommande chaudement. Pour le moins !

Ludwig van Elton John le 24/05/18
Beach House - 7 - Sub Pop