Les Sauvages Forme du XXL Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp
C'est dorénavant à quatorze sur scène que la formule XXL de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, ô combien exotique fanfare augmentée, à décidé de tourner son nouvel album Forme Sauvages. A la fois formulé par de sauvages savants et sauvagement formulé. Groove en barre, sauvage (à l'évidence.)
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Comme autrefois le mouvement rock alternatif d'ici avait trouvé un exutoire dans les fanfares, les Helvètes de l'Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, créé en novembre 2006 par et autour du contrebassiste Vincent Bertholet au sein des milieux alternatifs genevois, se présentent comme une formation à géométrie variable adoptant désormais une taille XXL (14 musiciens). Brassage d'influences afro, tropicales, punk et progressives, rythmiques incisives, riffs de guitares, cuivres et cordes en pagaille, chants alternant le français et l'anglais, OTPMD c'est la force par le nombre. Et le nombre de la farce, pour l'humour omniprésent; dirigé pour la seconde fois par un John Parrish au fait des déjantes avec PJ Harvey, et apte à les driver en peaufinant les intuitions de Vincent Bertholet.
Ici, les compositions semblent s'écrire au fur et à mesure de leur écoute, dégageant une sensation de spontanéité, prenant des embranchements étonnants mais qui ne laissent jamais sur le bord de la route. Pour faire un parallèle, on notera la proximité avec les premiers essais d'Arcade Fire, et pas simplement à cause du violon, avant qu'ils ne deviennent une machine à tubes de stade… L’Orchestre tout puissant Marcel Duchamp a conservé de l'héritage punk une bien réelle volonté de destruction, celle des limites entre les genres musicaux. Sur Sauvage Formes, on entend des aspérités qui doivent autant à la musique Gnawa qu’au blues malien ou à une certaine Pop nubienne.
De textes, cette fois en français, font leur apparition, comme ce Bêtes Féroces:
A la Tribune de Genève, Vincent Bertholet, compositeur unique pour la première fois, dit qu'il a arrangé les cuivres, les cordes et le chant, à l’exception des batteries et des guitares. Il explique comment sa matière a évolué : «Je me suis initié aux musiques africaines en apprenant la contrebasse jazz et cela conférait au projet son aspect afro-festif. Aujourd’hui, je mène également le duo Hyperculte, avec Simone Aubert, dans un registre plus froid, plus new wave, qui se ressent dans le travail de l’orchestre. Mais, à vrai dire, il n’y a pas de fossé entre la new wave et la musique traditionnelle africaine.»
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La démarche, proche des fanfares punk assure aussi la partie militante de l'enjeu. «Faire des concerts de soutien relève d’un point de vue politique que les membres du groupe partagent, la plupart étant issus du milieu alternatif. Mais l’existence même d’un tel ensemble, extraordinaire de par sa taille, constitue en soi un acte politique. L’orchestre agrège des personnalités fortes, issues de domaines a priori aussi opposés que le classique et le punk. Également dans notre fonctionnement: en passant de six à quatorze musiciens, les cachets n’ont pas augmenté, il faut tout partager.»
Si vous ne les aviez pas encore remarqués/entendus/vus, comme ils font la tournée européenne des festivals d'été, ils passeront forcément à quelque encablures de chez vous, ou de votre lieu de repos estival. A ne pas manquer, la joie est communicative, et à quatorze sur scène, le son d'enfer. On ne vous dit que cela.
Jean-Pierre Simard le 4/05/18
Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp - Forme Sauvages- Bongo Joe Records