L'AUTRE QUOTIDIEN

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Jim Dine s'offre à Beaubourg en 26 œuvres

Avec ses œuvres signatures comme son cœur géant, Pinocchio, son peignoir ou la Vénus de Milo, toutes déclinées à l'envi, Jim Dine est immédiatement identifiable dans l'art d'aujourd'hui. Il vient de faire don de 26 œuvres au Centre Pompidou. Retour sur une fixette. 

Composé de vingt-six peintures et sculptures, réalisées entre 1961 et 2016, ce « cadeau » au Centre Pompidou permet à l’artiste de « rembourser la France d’une dette culturelle et personnelle ». Selon lui, ses nombreuses années passées à Paris lui ont en effet permis d’accéder à « une esthétique » qui a éclairé ses choix plastiques. Le Centre Pompidou à Paris exposera cette donation dans son intégralité jusqu'au 23 avril 2018 dans un espace dédié au 4e niveau du centre.


Né en 1935 à Cincinnati dans l’Ohio, Jim Dine avait choisi la France et Montrouge pour y installer son atelier dans les années 50. Figure centrale du Pop Art et pionnier des happenings à la fin des années 1850, qu'il réalise avec les artistes Claes Oldenburg, Allan Kaprow, Robert Whitman et le musicien John Cage. Le tout premier, The Smiling Worker date de 1959. 
L’artiste se tourne dès la décennie suivante vers les pratiques du dessin et de l’estampe. Il expérimente également plusieurs techniques en travaillant avec le bois, le métal ou la pierre et en s’exerçant à la lithographie, la photographie et la peinture. Et c'est à tort qu'on l'a classé dans le Pop art, puisqu'à l'inverse du mouvement, ses objets communs qu’il peint et insère dans ses œuvres, font tous partie de son monde intérieur, avec un propre vocabulaire que Jim Dine met sur la toile.

Son vocabulaire plastique et son iconographie personnelle, avec ses assemblages réalisés à partir de matériaux composites mettent en lumière le foisonnement des recherches de Jim Dine. La donation comprend également ses grandes peintures, ses Pinocchio, ses paravents de métal auxquels l’artiste accroche différents objets ou outils fétiches, ainsi que ses sculptures revisitant les icônes de l’art comme la Vénus de Milo ou les masques du Fayoum. 

Souvent très colorées, les toiles de Dine utilisent la technique du fondu (contours estompés) et des séries, avec une infinité de variations notamment dans les nuances chromatiques. Le motif du crâne, présent comme un rappel dans les toiles au milieu de nombreux objets banals et usuels du monde contemporain, renoue avec la tradition de la nature morte appelée vanité. A still life with a red pepper as October changes our valley de 1977 montre ainsi deux rangs de fruits qui alternent avec des bouteilles vides derrière la transparence desquelles se profile un crâne ; des assemblages comme Wheatfields, sorte de charrue surmontée d'un crâne en bronze, reprennent cette technique. 

Mais la partie la plus saisissante de la présentation est la salle offrant ses poèmes cut-ups (voir photo d'ouverture) qui sont ici en version originale - et traduites - qui s'imposent dans une harmonie de noir et de gris en faisant se convulser l'espace des murs avec leurs dadaîsme qui parlent d'ailleurs et d'ici-même. 

Avec un art de l'immédiateté - par son installation dans l'Histoire de l'art, toutes ses œuvres, apparaissant aujourd'hui comme déjà classiques - ou contemporaines, on s'y retrouve, à découvrir quelqu'un qui est là depuis longtemps et qu'on découvre avec délices, pour agrandir son espace intérieur. Le sien et le notre… 

Giles Dalose le 4/04/18

Jim Dine - Donation à Beaubourg -> 23/04/18
Centre Pompidou, 4e étage - place Georges Pompidou 75004 Paris