L'AUTRE QUOTIDIEN

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L'afro-funk imparable du Seun Kuti de Black Times

Une semaine après Femi, le cadet de Fela, Seun Kuti, sort un album très engagé. Ce "Black Times" célèbre l'Afrique, brocarde ses dirigeants et plaide pour une émancipation sociale. La tradition protestataire familiale en version XXIe siècle et accélération du beat… 

Black Times, est son manifeste, dans un monde régi par le fake: "un monde dans lequel on nous dit que Facebook peut résoudre tous les problèmes, du moment que vous postez quelque chose, ou que vous brandissez un drapeau".

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S'il a l'air si sûr de lui sur cette pochette, c'est que Seun Kuti a mis quatre ans pour peaufiner une formule musicale qui l'éloigne de son opus de 2014, A Long Way to the Beginning, qui rebat les cartes, tout en rendant hommage à l'afrobeat de son père - avec le bonheur d'être un meilleur saxophoniste que lui …  En creusant au plus profond de différentes traditions africaines, Seun Kuti a apporté sa propre touche à la musique en reflétant les difficultés et les cultures du continent. Les trois-quart du line-up actuel d’Egypt 80 est composé des musiciens qui ont non seulement joué avec Fela Kuti, mais ont également été arrêtés et harcelé par la police à ses côtés. Seun Anikulapo Kuti possède la grâce, l’énergie et la furie de Fela. Avec les musiciens d’Egypt 80, le légendaire groupe de Fela, il fait revivre la plus originelle incarnation de l’Afro beat. 

Toujours entouré de son Egypt 80 (le groupe que son père l'avait aidé à monter dans les 70's et que Seun dirigeait depuis), il s'est encore adjoint les services de Robert Glasper qui le fait sinuer, 63' durant, entre  néo-soul et rock (le morceau-titre en exemple bien velu qui convoque aussi une autre star, qui sait rester discrète dans ses interventions, l'excellent Carlos Santana. Pour le reste, on a à faire avec l'habituel funk, les envolées jazz et les paroles au hachoir.

Côté afrobeat, “Last Revolutionary” et l'intro dingue au saxe de “Kuku Kee Me” se posent là , quand on découvre un certain penchant dub sur “Bad Man Lighter,” voir “African Dreams” et un joli coup d'œil à  James Brown sur “Struggle Sounds.

On revient un instant sur les paroles de l'album qui reprennent le flambeau pan-africain de Fela sur de nouveaux thèmes d'actualité : le consumérisme africain d“African Dreams”, l'omniprésente corruption politique de “Corporate Public Control Department (C.P.C.D.)” Avec Black Times, Seun Kuti ne fait pas que perpétrer une  tradition d'engagement, il l'actualise au son et à la voix, faisant de lui un des plus importants musiciens africains du moment. Et pas seulement. 

Jean-Pierre Simard le 5/03/18

On ne nous a jamais appris l’histoire de tous ces grands hommes africains qui sont morts pour que nous ayons un peu plus de liberté    Seun Kuti

Seun Kuti Black Times Strut Records
-> concert mercredi 7/03 au Bataclan à Paris avec Jupiter + Okwess