Alors qu'il est une star dans le monde entier, seul l'Occident semble encore vouloir le faire vivre dans l'ombre de son regretté père. One People One World vient à point nommé renouveler le message afrobeat familial.

Si certains se sentent à la longue floués du peu de renouvellement de l'afrobeat, la propositions actuelle du One People One World  avec  ses 50' de guitares funky et de cuivres en mode soul power ont de quoi remettre les pendules à l'heure. Surtout que le propos reste d'une terrifiante actualité à mettre à mal appât du gain et corruption d'une bien furieuse manière - qui satisfait autant la tête que les jambes… 

On sait le genre assez codifié avec son mélange de musique traditionnelle nigériane, de jazz, de highlife, de funk, et de chant accompagné de percussions et de styles vocaux et on ne dérivera pas de la formule - sachant qu'elle se met en action surtout live et, à ce titre l'album ne fait pas défaut. D'“Africa Will Be Great Again” qui démarre funky avec son lot de trompettes, son groove félin et les déclamation d'un Femi qui s'insurge contre l'injustice et la corruption, e faisant groover un orgue derrière pour maintenir le flow. 

Son mode de chant, en call-and-response, est toujours efficacement soutenu par son groupe de longue date, Positive Force, qui vient souligner les pleurs de “Don’t be tired/Be inspired” en témoignant de la révolte à venir contre la pauvreté grandissante. “Best to Live on the Good Side” voit même un orgue joué à la Ray Manzarek des Doors, avant que “Corruption Na Stealing” ne radoucisse la cadence. “Dem Don Come Again” et son refrain  “They use religion and the word of God to do their bad, bad things” ( Ils se servent de la religion et du nom de dieu pour commettre leurs forfaits)  et “Dem Militarize Democracy” annonce haut et fort, comme précédemment son père Fela que le combat politique en Afrique et ailleurs est toujours d'actualité - et même d'urgence en ces temps incertains - que l'ennemi reste là et bien là, le capital et ses sbires. Mais au milieu du flot de revendications, on trouve quand même, comme c'est heureux, quelques raisons de se réjouir avec “Equal Opportunity” et “The Way Our Lives Go” qui envoient good vibes et good grooves à l'envi pour tenir le coup. Et c'est bien ! A l'heure du Trump crétin mondial, quelques raison de danser concerné et d'oublier un instant l'avalanche de fake news et de contre-vérités flagrantes. Pour tenir jusqu'au bout de cette nuit imposée par la morosité des temps. 

Jean-Pierre Simard le 28/02/18

Femi Kuti One World One People - Knitting Factory Records