L'AUTRE QUOTIDIEN

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Shuwei Liu - un songe devant une fumée

Dans ces scènes et rêveries de l'enfance, j'espère zoomer à travers le temps et nous voir clairement au milieu du monde qui nous entoure. Avec ces photographies, j'espère avoir connaissance du passé. Autrement.

Dans ces villages reculés de la Chine du nord (Shuwei Liu vit maintenant à Shanghaï) tout se transforme (et la nature se ravage) plus lentement qu'ailleurs dans le pays. Il est donc plus facile de trouver une sorte de code qui permet d'établir et garder des relations entre l'homme et la nature.

 Shuwei Liu, 2016.

Rêveries d'enfance. “De la fumée montant d'un toit !… un trait d'union entre le village et le ciel … Dans les mémoires, il est toujours bleu, lenteur, lumière.” —Gaston Bachelard
© Shuwei Liu

« L’enfance se constitue par fragments dans le temps d’un passé indéfini, gerbe mal faite de commencements vagues. Le tout de suite est une fonction temporelle de la pensée claire, de la vie qui se déroule sur un seul plan. En méditant la rêverie pour descendre jusqu’aux sécurités de l’archétype, il faut la « profonder », soit dit pour nous servir d’une expression que certains alchimistes aimaient à employer. 

Ainsi, prise dans la perspective de ses valeurs d’archétype, replacée dans le cosmos des grands archétypes qui sont à la base de l’âme humaine, l’enfance méditée est plus que la somme de nos souvenirs. Pour comprendre notre attachement au monde, il faut ajouter à chaque archétype une enfance, notre enfance. Nous ne pouvons pas aimer l’eau, aimer le feu, aimer l’arbre sans y mettre un amour, une amitié qui remonte à notre enfance. Nous les aimons d’enfance. Toutes ces beautés du monde, quand nous les aimons maintenant dans le chant des poètes, nous les aimons dans une enfance retrouvée, dans une enfance réanimée à partir de cette enfance qui est latente en chacun de nous. Ainsi, il suffit du mot d’un poète, de l’image neuve mais archétypement vraie, pour que nous retrouvions les univers d’enfance. Sans enfance, pas de vraie cosmicité. Sans chant cosmique, pas de poésie. Le poète réveille en nous la cosmicité de l’enfance. »  

Gaston BachelardLa poétique de la rêverie

«L'enfance n'est pas quelque chose qui meurt en nous et s'assèche dès que son cycle est complété. Ce n'est pas un souvenir. C'est le plus vivant des trésors et il continue à nous enrichir sans que nous le sachions. »  

Franz Hellens

. “Qui ne s'en souvient pas ? —ô fraternité d'un arbre, d'une maison, d'une enfance.” —Louis Chadourne © Shuwei Liu.

Grand-père et la sombre demeure. “L'odeur moussue et somnolente des vieilles demeures est la même dans tous les pays, et très souvent, au cours de mes pèlerinages solitaires dans les lieux sacrés de la mémoire, il me suffisait de fermer les yeux dans une vieille maison pour me ramener immédiatement à la sombre demeure de mes ancêtres.” —Milosz
© Shuwei Liu

"La force végétale de l'enfance subsiste en nous toutes nos vies" — Franz Hellens
© Shuwei Liu.