L'AUTRE QUOTIDIEN

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Easter & everywhere (else!) d'Ashley Henry

Les auditeurs du Worldwide de Gille Peterson savent que le jazz anglais bouillonne sérieusement ces derniers temps. Alors, avant de vous parler de sa compilation We Out There, demain, on ouvre ce lundi avec Easter et Ashley Henry. Get in the Tube dude !  

Il y a des urgences parfois. Des sons qui s’imposent et ne vous lâchent que bien plus tard dans la nuit. Alors lorsque vous ouvrez les yeux, pour se sentir illuminé par ce blanc qui envahit la chambre, vous reprenez la lecture de cet album, du début… Easter, titre éponyme de cet EP prometteur de Ashley Henry, est sans aucun doute l’album du pianiste de jazz que l’on attendait depuis longtemps depuis, disons… les débuts de Brad Meldhau.

Easter donc, est un de ces ep qui vous subtilise l’attention pour ne plus vous lâcher. Il décoche, thème après thème des sortes de flèches qui font mouche les unes après les autres. Prenez par exemple, The World is Yours (Ashley Henry Version)… Son gimmick de contrebasse répétitif et ses accords de piano posés là puis ce charley qui vient titiller le rythme et pousse le morceau à un swing absolument magnifique.

Ce jeune britannique du sud de Londres, récent diplômé de la Royal Academy of Music, qui a déjà joué avec Jason Marsalis et collaboré avec Luke Flowers, Jean Toussaint et bien d’autres, est à 25 ans devenu depuis janvier dernier le directeur musical résident du Jazz Café de Londres et du club Ronnie Scott, tout aussi prestigieux. Mais au-delà de ce côté jeune prodige, c’est la musique et le doigté pianistique du monsieur qui nous emmènent au grès d’un mini album puissant, riche et délicat. Entre le groove assumé de Pressure et le free jazz démoniaque de l’épilogue Moving Forward, il s’agit bien une invitation à « avancer ».

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Lorsque l’album se termine, on se demande bien pour quelles raisons la neige ne nous bloque pas plus souvent et revenir à Easter. Histoire de se surprendre encore un peu à quelques pas du sol, souhaitant  fêter Pâques au tison : fer rouge et piano sautillant pour une sorte de bossa jazz qui devrait devenir mythique !
Le jeu de Ashley Henry et le dialogue parfait qu’il entreprend avec les musiciens de Re:ensemble, nous fait une promesse : En 6 titres, l’EP annonce un album brillant, éclectique sans être un fourre-tout démonstratif, sensible et emprunt d’humilité, de modestie.

Une façon tout à fait prestigieuse de nous faire sonner les cloches… pour une résurrection d’un jazz anglais ?

Richard Maniere le 11/02/18

Easter EP Ashley Henry & The RE: Ensemble - Sony Music