L'AUTRE QUOTIDIEN

View Original

Super B.O. d'Une Femme Fantastique par Matthew Herbert

Matthew Herbert a concocté une BO aux petits oignons pour le flamboyant film tout harnaché des récompenses de Sebastían Lelio avec Daniela Vega, Une Femme fantastique. On dira juste dommage que la musique pointilliste d'Herbert n'arrive que bien après l'arrivée du  film sur les écrans.   

Your browser doesn't support HTML5 audio

Warehouse Matthew Herbert

On pense évidemment à Almodóvar, tant l'univers du cinéaste espagnol semble planer sur ce film tourné à Santiago du Chili. D'abord à cause du portrait de Marina, cette femme flamboyante qui a encore la carte d'identité de l'homme qu'elle était, tout en arborant fièrement ses robes moulantes. Avec ce personnage et son interprète, Daniela Vega, Sebastían Lelio nous immerge dans un monde singulier et libre, affranchi de références. Un curieux vide en est le centre : le quinquagénaire Orlando meurt et, dès lors, tout tourne autour de lui. Il laisse Marina, la femme qui l'aimait. Mais c'est sa première épouse, très pincée, qui prend les commandes des funérailles, pour laver l'honneur de la famille, perverti par cette   transgenre.

Your browser doesn't support HTML5 audio

Sauna Matthew Herbert

Il s'agit ici, surtout d'explorer un flottement, ce temps incertain pendant lequel Orlando semble encore vivant, même mort, et Marina presque morte, même si elle est vivante. Et Herbert s'en  donne  à cœur joie dans les instants musicaux fugitifs, les petites envolées atmosphériques pour souligner le propos. Le réalisateur fait corps avec son héroïne, comme déjà avec l'héroïne de son précédent film, Gloria (2014), et cette union sacrée rend tout possible. Dans une boîte de nuit, un moment de solitude mélancolique débouche soudain sur une chorégraphie disco, joyeuse comme une renaissance. La dureté d'un cauchemar éveillé et la fantaisie se mêlent. Marina incarne formidablement cet entre-deux. Entre deux sexes, deux identités, elle va de l'avant. Chanteuse de cabaret, elle se forme à l'art lyrique, elle chemine. Face à la vie qui s'arrête, elle est mouvement, au fil d'une trajectoire émouvante et d'un film audacieux.

Au fil de l'aventure et de la construction de l'identité à part de Marina, Herbert souligne, sans  jamais surligner les errances, les retournements de situations et les métamorphoses, se baladant d'une registre musical à un autre au fil de la démonstration du réalisateur, en se servant pour le deuil de l'actrice d'autres moments musicaux appartenant à d'autres : 
Periódico de Ayer de Héctor Lavoe (chanté par Marina dans le club). (You Make Me Feel Like) A Natural Woman d'Aretha Franklin; Ombra mai fu, air de l'opéra Serse de Haendel (chanté par Marina dans la scène finale) ou encore Time du Alan Parsons Project (générique de fin).

Your browser doesn't support HTML5 audio

Farewell Matthew Herbert

Jean-Pierre Simard

Matthew Herbert A Fantastic Woman BO, Milan