Le dernier envoi de la légende gnawa Maalem Mahmoud Gania
Le Maroc a fait rêver nombre de rock stars : de Hendrix à Brian Jones, en passant aujourd'hui par Lee Renaldo. Et la cause en a toujours été la musique de transe gnawa. C'est dire l'intérêt qu'elle suscite, cette forme première du blues sub-saharien qui a su rester vivace. Il est juste regrettable que le premier album solo d'un de ses maîtres sorte à titre posthume.
Le nouveau label Hive Mind de Brighton, sort donc l'hypnotique premier et ultime album solo de la légende du gnawa marocain, le chanteur et joueur de gimbri Maalem Mahmoud Gania. Avec son groupe, il a sorti de nombreux albums sur place via Tichkaphone, La Voix El Maaraf et Sonya Disques quand ce n'était pas avec d'autres musiciens européens ou américains sur d'autres continents, au fil des 45 ans de carrière où il a collaboré aussi bien avec Pharoah Sanders (sur l'album The Trance of Seven Colours) qu'avec des musiciens électroniques comme Floating Points ou James Holden (sur le EP de 2015 Marhaba).
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Si apparemment, aux oreilles habituées à la gamme tempérée de Bach, les sons produits ici suivent des schémas similaires, ceux-ci offrent pourtant une variété peu commune de modulations bluesy avec des voix harmonisées, des riffs qui jouent à thème-variation et des percussions qui swinguent d'enfer autour de la voix de Gania et du sentir du maître de cérémonie. Rien que de très usuel pour la pratique spirituelle des gnawa qui emmène vers la transe, dont Gania, maître du sentir, un luth basse à trois cordes génère les flux au sein des morceaux.
La sortie a été négociée directement avec les famille et les proches. L'album qui avait été produit en 2013 par Ali Faraoui au studio Plein Les Oreilles à Casablanca a finalement été mixé par Julian Tardo au Church Road Studio, à Hove en décembre dernier. Sur ces enregistrements, Maalem Mahmoud Gania était accompagné aux qraqebs et aux voix par ses fils Hamza et Houssam Gania, ainsi que par Karima el Filali, Asmae Hamzaoui, Chaimae Lofti, Ahmed Elbnoua, Mehdi Mnouer, Abdellah Malibo et Soufiane Aghmam.
Un maître d'Essaouira s'est envolé vers les cieux, d'autres prennent la relève et la transe se poursuit. Longue vie à sa musique et ses successeurs. Excellent album à la production nickel et vive la transe !
Jean-Pierre Simard le 19/09/17
Maalem Mahmoud Gania – Colours of the Night (Hive Mind records)