Pour qui n'a jamais ressenti la puissance propre à un lieu, les énergies qui y circulent peuvent sembler au premier abord, incertaines. Mais le travail de Francesco Fütterer vous fait entrer dans ces manifestations. Et ces lieux, tous saisis en Allemagne par le photographe dégagent une énergie et un mystère qu'on vous fait partager ici-même.

Quels est votre principal intérêt dans la photographie ? 

Je cherche à rendre visible l'invisible, en m'attardant sur les pièces et les endroits qui dégagent une atmosphère particulière. Des sensations qu'une première vision ne dévoile pas de suite. Et la photographie me donne l'opportunité de m'attarder sur ces phénomènes. 

Quelle est l'idée mise en avant par la série Place of Power.

Ces lieux de pouvoir (Places of power) sont des lieux qu possèdent une énergie propre, capable d'influencer les émotions des gens. Mais comme on ne peut mettre des mots sur ce phénomène, on dira qu'il s'agit d'endroit spéciaux, souvent en pleine nature, qui dégagent une énergie positive ressentie par ceux qui passent là. Connus depuis l'âge de pierre, ces endroits attirent les gens qui viennent s'y régénérer.

Quel était votre intention avec cette série et d'où  vient l'inspiration de celle-ci?

Cette série était mon mémoire de Maîtrise. Et l'idée m'est venue de chercher des liens entre la nature et la religion, spécifiquement sur des lieux en Allemagne. Je suis peu à peu devenu sensible au vocable lieux de pouvoir qui revenait sans cesse. Et suis parti en visite dans nombre de ces lieux pour sentir comment ils pouvaient m'influencer. Au premier abord, ce qui m'a le plus frappé, c'est qu'ils avaient beaucoup à offrir visuellement. Je me suis pris au jeu.

Croyez-vous en ces lieux de pouvoir et y avez-vous ressenti une énergie particulière ? 

Pour être franc, j'étais assez sceptique au départ. Je n'ai absolument rien ressenti en prenant les clichés. Et je ne crois pas que ces endroits soient des lieux puissants. Mais en repensant au moment où j'ai pris ces photos, je dois bien admettre que leur souvenir est extrêmement précis et qu' à défaut d'être des lieux de pouvoir, c'est plus le mythe qu'elles véhiculent qui s'inscrit profondément en nous avec ce qu'elles montrent qui est le vrai pouvoir des lieux. 

Quelle est votre approche de la photo et que pensez-vous communiquer avec ?

Pour cette série, j'ai tenté de capter Ia puissance visuelle des lieux et pour cela, utilisé le flash qui faisait augmenter la définition et permettait de mettre en valeur ce que l'œil humain ne voit pas habituellement. Et je me suis senti en accord avec le travail de Jürgen Teller sur Hitler (Hitler's Podium) qui a travaillé sur le podium employé pour les discours de masse à Nuremberg.  Dans son cas, l'emploi du flash rend l'endroit ( totalement décati) encore plus absurde, mais témoigne de ce qu'il s'y est passé en enlevant la charge d'origine. Ce qui dans mon cas n'a pas été probant car le choc visuel a bien eu lieu. 

Quels sont vos photographes contemporains favoris ?
William Eggelston, Jürgen Teller, Eric van der Weijde, Johanna Diehl, Yann Mingard.

La photographie, pour vous en trois mots ?
La vision, le silence, la captation

Jean-Pierre Simard (avec Foto Room) le 13/09/17
 

Plus sur le travail de Francesco Fütterer, ici