L'AUTRE QUOTIDIEN

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Substance tissu chez Mannerheim Gallery

« Le titre Substance est inspiré d’un best of de Joy Division sorti en 1988, et de l’album éponyme de leur groupe suivant, New Order. Philosophiquement, le mot réfère à l’essence de tout phénomène, soumise par nature aux changements et aux accidents. Sémantiquement, il renvoie à la nature physique dont se compose chaque chose, ayant une forme tangible et solide. Dans cette exposition, les œuvres donnent à voir une certaine transmutation, passant d’une forme matérielle à une autre. Leur matérialité est ici réinterprétée au-delà de leur substance initiale, et élevée au rang d’art. »     
David Fryer, commissaire d’exposition

 

 

Paul Emmanuel vit dans une localité rurale du Pays de Galles et utilise les matériaux naturels qui se trouvent en abondance autour de lui. Il travaille la toison des moutons sur des cadres entoilés, expérimente les différentes textures de la laine et observe comment chacune réagit à la pigmentation. De formes variées, ses œuvres sont toutes liées par une même idée de la matérialité, une approche commune des choses physiques et de leur malléabilité conceptuelle.

David Fryer a étudié au Goldsmiths College à la fin des années 80, alors que l’avant-garde féministe et les arts textiles étaient au premier plan. Il a également travaillé aux côtés des artistes de la génération YBA quand ceux-ci ont initié la première exposition FRIEZE. Après avoir longtemps exploré d’autres médiums, il revient aujourd’hui à sont premier amour en créant des œuvres textiles intrigantes, qui détournent la matière première avant qu’elle ne devienne du tissu de fabrication.

Andi Mindel envisage le « travail des femmes » en réfutant le mantra moderniste suivant lequel « la forme suit la fonction », et en créant des objets autonomes dépourvus de fonction réelle. Ses œuvres sont comme un recueil de conversations passées, dans lesquelles sont inclus différents éléments, tous liés entre eux par du fil. Ses petites pièces en crochet ont été réalisées lors d’une récente période d’errance, et explorent la psycho-géographie de son héritage juif, sud-africain, suisse et britannique à travers les thèmes de l’exil et de l’appartenance.

I dedicate this collection to my four decade long friendship with Steven Cohen with whom I have the most serious of fun.”

Adeline de Monseignat travaille à partir de matériaux organiques, sensuels, forts et fragiles à la fois, qui font écho aux qualités et aux potentialités du corps humain : fourrure, coquilles d’œufs, tissu, marbre. Ses œuvres, souvent biomorphiques, mettent en lumière le processus de création et de destruction, et jouent avec l’idée de transformation – d’esthétique, de matière ou de substance.

Humberto Poblete-Bustamante peint sur des vêtements manufacturés, niant ainsi la fonction première de ses supports, et rejetant l’idée traditionnelle selon laquelle la toile, linéaire, fournirait sa base et sa forme à l’œuvre. Il est également connu pour traverser les toiles avec son pinceau, et pour laisser visibles les traces de sa pratique (empreintes, taches de café), qui se mélangent à la peinture et créent toute une palette de couleurs intuitives.

Comme il est assez rare que l'art rende hommage à la musique et que cela fonctionne, rendons hommage à la galerie pour le risque pris de vouloir trouver des passerelles avec le groupe de Ian Curtis et ses mutations musicales constantes.  A vous de voir quelle œuvre peut être en en rapport avec un titre particulier ou si l'ensemble à lui seul suffit à rendre compte de l'idée globale ? Allez, un indice, dans le Manchester dévasté de l'époque, cherchez du côté du tissu …

Maxime Duchamps (avec galerie) le 8/06/17

Exposition collective Substance (Paul Emmanuel, David Fayer, Andi Mindel, Adeline de Monseignat et Humberto Poblette-Bustamante) ->17/06/17
Galerie Mannerheim, 6, rue Notre-Dame de Nazareth 75003 Paris