L'AUTRE QUOTIDIEN

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Les images hardcore de Mike Diana & Stu Mead chez Arts Factory

Premier auteur de BD américain condamné pour obscénité, Mike Diana expose en France, chez Arts Factory, ses images de BD hardcore cathartiques, devenues célèbres par la faute d'un serial killer. Et Stu Mead y pose ses toiles très ambigües. Choc garanti dans les deux cas : on y va !

A gauche Stu Mead et à droite Mike Diana

A la suite du passage d'un serial killer sur le campus de Gainesville (Floride), un auteur de fanzine photocopié , Mike Diana est suspecté par la police d'être le tueur en question, à cause des bd décapantes et moquant l'hypocrisie des cul-terreux de son entourage.

L’auteur du fanzine s’appelle Mike Diana. Il a 19 ans et s’ennuie. Il déteste l’ambiance puritaine des petites villes américaines, l’hypocrisie, la violence sous-jacente de cette culture traversée par la figure hyper-médiatique des tueurs… Ses dessins ne mettent en scène que faits divers, viols, incestes, éventrements, tortures. Le suspect idéal ? Heureusement pour Mike Diana, le tueur en série a laissé des échantillons d’ADN sur les scènes de crime. Et, de toute évidence, cet ADN n’a rien à voir avec celui du dessinateur de comics. Innocenté, mais pas disculpé pour autant Mike Diana doit subir un procès, car –à défaut de trouver le tueur– la police fait la chasse aux sorcières. Le voilà accusé d’obscénité. Pour ne pas dire de pacte avec le diable.

Mike Diana

Mike Diana perd son travail comme agent d’entretien dans une école primaire. Il est condamné à «trois ans de prison avec sursis, 3000 dollars d’amende, 1248 heures de travaux d’intérêt général, l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs de moins de 18 ans, une évaluation psychiatrique (que Mike Diana n’a pu payer, car le médecin a facturé douze heures de travail : deux heures de discussion et dix heures à lire les bandes dessinées de l’auteur, soit au total 1200 dollars) et l’interdiction de posséder ou de produire du “matériel obscène”» Ce qui ne l’empêche pas de continuer, et tant mieux. Puisqu’il est maintenant possible de voir ses œuvres honnies, à la galerie Arts factory (Paris), aux côtés de celles non-moins honnies de Stu Mead. Pour information : la dernière exposition de Stu Mead à la Friche de la Belle-de-Mai, à Marseille, organisée par Pakito Bolino a dû être interrompue et fermée suite aux pressions de la fachosphère : menaces de mort, lobbying sur les réseaux sociaux, pétition, désinformation. C’était en septembre 2015.

Il est heureux que des galeries d’art résistent aux menaces et continuent d’exposer des images, qui sont toujours moins violentes que celles que les défenseurs de l’ordre font peser sur nous. Une image jamais ne tuera.

Stu Mead

Et à propos de Stu Mead, sa dernière exposition en 2011 avait cet écho : Ses peintures sont belles, folles, dérangées, classiques, déconcertantes, choquantes, douces, jamais désenchantées, aux bords d’un précipice, toujours. Ce peintre, ignoré, exilé à Berlin, a sorti un livre chez le Dernier Cri. Ne pas oublier d’y aller…

Friedrich Angel avec Agnès Giard le 25/05/17

 «Mike Diana & Stu Mead : America’s most wanted !», -> 17 juin 2017. Dédicace avec Mike Diana le samedi 27 mai de 17h à 20h

Galerie arts factory : 27, rue de Charonne 75011 Paris
(Métro : ledru-rollin / bastille) du lundi au samedi 12h30/19h30.

Stu Mead