L'AUTRE QUOTIDIEN

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On n'en finira jamais avec la Pop Culture…

Dans Pop Corner, La grande histoire de la pop culture 1920-2020, Hubert Artus explore la teneur d'une culture plurielle et générationnelle, subversive autant que mainstream et qui a parcouru le XXe siècle, en surfant sur la nostalgie, tout en portant l’idée de futur dans son ADN. Démêlons les brins.

Illustr. Esquire

Définition : Le « pop » est l’association du "pop" de popular et du "pop" de «pop up», qui signifie « ce qui surgit ». Mais là où le « populaire » français est ce qui plaît au plus grand nombre, au sens zidanien du terme, le « popular » britannique définit ce qui vient de la rue, ce qui est autodidacte, ce qui vient s’opposer ou s’ajouter à la culture qu’adoubent les académies et les élites. On aboutit donc aux pulps, aux comics, au pop art, à la culture punk, à la pop de l’époque Beatles, au surf rock des Beach Boys, au rock contestataire d'Europe de l’Est, aux radio pirates, aux beatniks… Mais la pop culture se caractérise aussi par un phénomène de scotch à double-face : elle regroupe des contre-cultures qui n’ont eu de cesse d’être récupérées. La pop culture est donc également consumériste, voire profondément capitaliste.

Hubert Artus

Histoire : Prenant racine dans la Révolution industrielle et l'élaboration d'une culture ouvrière, la culture pop a explosé avec l'arrivée de la télévision et de l'industrie du cinéma dans les années 1950. Dans Pop Corner, Hubert Artus insiste sur les moments forts de la culture pop, ses personnages emblématiques (De Batman à Russ Meyer), ses villes mythiques (Londres, Detroit), ses courants, mais aussi ses luttes diverses.

« Les comics ont imposé des codes couleurs dont se sont inspirés ces artistes. Mais la pop culture agglomère tout ce qui passe. Par exemple, les clips grâce à la chaîne MTV. « Thriller » de Michael Jackson, véritable œuvre d’art, marque une nouvelle étape. On entre dans la phase du divertissement mondialisé. »

Ce sont les contradictions d’un courant qui veut à la fois se démarquer et répondre à la consommation. Warhol en est un exemple parfait avec sa façon de détourner les symboles du capitalisme pour les utiliser et le vendre très cher. Quand les Beatles sont interdits de diffusion sur la BBC, cela provoque la défaite d’Harold Wilson aux élections. Le paradoxe étant que Margaret Thatcher arrive… La pop culture, cynique et subversive, a une influence politique. Beaucoup moins en France !  Peut-être parce qu’en France les élites continuent à décréter ce qui est bon ou pas. En Grande-Bretagne, ton club de foot, la bière que tu bois, tes vêtements, ta musique, disent qui tu es. En France, la seule trace pop qui marche, c’est la techno. Le banquier Mathieu Pigasse offre aussi un bon exemple de pop culture ; ultra-libéral et subversif, un adepte de DSK qui en même temps éponge une partie de la dette des Grecs, patron du quotidien « Le Monde », des Inrocks et de Vibes… On reste toujours dans l’ambivalence.

Avenir : « Le numérique amplifie le phénomène. La nouvelle tendance consiste à impliquer les jeunes fans. On leur demande de participer à l’écriture de séries. Les idées viennent de la rue. La boucle est bouclée et ça repart… Mais parfois le recyclage tourne à vide faute d’inventer."

Friedrich Angel (avec humour et affliction) le 23/03/17

Hubert Artus - Pop Corner, La grande histoire de la pop culture 1920-2020 - éditions Don Quichotte