L'AUTRE QUOTIDIEN

View Original

Give Violence A Chance ! L'art délicieusement ambigu de Stéphane Bérard

La passion pour l'idiotie est cet insondable mystère qui entraina au suicide John Kennedy Toole parce qu'il ne put faire la farce de sa Conjuration des imbéciles, mystère qui suggéra à René Magritte « le suicide lent » de sa Période vache, mystère qui crucifia à même la plus grande misère Erik Satie et ses Morceaux en forme de poire, mystère qui détruisit Martin Kippenberger au cœur de son œuvre même, mystère qui poussa Jacques Lizène, à l'âge de vingt-cinq ans, avant de s'autoproclamer « artiste de la médiocrité », à se faire vasectomiser. L'idiotie en art ou l'anecdote d'un homme qui, racontant une blague, constate qu'il ne distrait personne et, sans tergiverser, se supprime. Stéphane Bérard n'est pas l'homme en question, mais son œuvre ressemble à cette fameuse blague dont personne ne sait quoi faire. (Jean-Yves Jouannais)

Stéphane Bérard est un artiste qui se partage entre littérature et geste artistique. Artiste boulimique, il commence par s'amuser à parodier les manies des poètes, puis se concentre sur la photographie, la vidéo et le cinéma, non sans cesser de concevoir des projets et autres actions tels qu'une "Tentative de participation aux Jeux Olympiques d'Hiver 1998, à Nagano (Japon), sous les couleurs de la République Gabonaise, 1997". Comment penser un engagement sans idéologie, une fiction sans intrigue, un discours sans auteur, un artiste sans œuvre ?

C'est ce que Stéphane Bérard et son double fictif testent, à travers des "propositions extrêmement opératoires de toutes natures " et sur un mode faussement désinvolte.Voir une œuvre de Stéphane Bérard, c'est d'abord buter sur une série d'illogismes et de malentendus. C'est drôle et incongru mais cela témoigne aussi de cette infiltration de l'art dans les plis du réel, et où commence un artiste se propose de représenter un pays dans une discipline de ski de descente.

A l’occasion de sa cinquième exposition à la galerie Eva Meyer, Stéphane Bérard nous propose de découvrir installations, dessins, et photographies ainsi qu’une sélection de films. Ceux-ci seront projetés chaque samedi à partir de 15h30.

Stéphane Bérard, né en 1966 vit actuellement entre Paris et Lille. Autodidacte touche-à-tout, il créé des œuvres d’une simplicité matérielle, assumant le ratage, l’échec ou la futilité. Usant d’un recul critique vis-à-vis de sa profession et du milieu de l’art contemporain, assumant sa position d’outsider, l’artiste aime à brouiller les codes jusqu’à buter sur une série d’illogismes et de malentendus qui font tout le bonheur de son art. Parallèlement à l’exposition, des œuvres de l’artiste sont actuellement visibles à la Villa Arson (Nice) et au CAC de Meymac.

Comme le présentait déjà Ambiguity (1997), l'œuvre de Stéphane Bérard est transformiste, et son engagement face au réel polymorphe. Simultanément, Stéphane Bérard célèbre à nouveau la mort de l'art tout en en donnant la recette. Il sert un méta-discours critique mais échappe à l'impasse de la récupération à travers l'autodérision et la mécanique fictionnelle. « C'est pas grand-chose une paire de maracas. »: « Tous dépend des stocks-options au travail dans nos PME du sens. »

Maxime Duchamps (avec galerie)

Give violence a chance Stéphane Bérard → 22 avril 2017
Galerie Eva Meyer -
5, rue des Haudriettes 75003 Paris