L'AUTRE QUOTIDIEN

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Mathias Augustyniak fond l'humain au pied de la lettre

L’exposition « À voir, déjà vu » à la galerie Air de Paris propose des dessins de Mathias Augustyniak. Dictés par un humanisme qui se manifeste par un érotisme récurrent, symbole de l’amour que se portent les êtres humains. Ainsi la série The Alphadicks est composée de portraits en buste d’hommes, réalisés en noir et blanc au stylo plume sur papier. Derrière chaque tête se distingue un sexe masculin dont la forme suit les contours du portrait.

L’exposition présente plusieurs séries de Mathias Augustyniak, artiste français qui forme Michael Amzalag le studio graphique M/M (Paris), célèbre pour avoir réalisé de nombreuses campagnes publicitaires mondiales, des clips musicaux, des pochettes d’albums ou encore des affiches et des décors de théâtre et d’opéra. Tous ses dessins sont tracés à l’encre, mais se répartissent entre des réalisations en noir et blanc et d’autres aux couleurs éclatantes. En abordant les deux extrêmes du spectre lumineux, ses représentations épousent la diversité et la complexité du monde; conçus comme un espace où s’expriment tous les possibles, imaginaire et réalité mêlés, pour renvoyer une image plus belle et plus forte de l’humanité.

Dans la série Woman in 68 colors se succèdent des visages féminins dessinés à la pointe feutre Stabilo sur papier. Ces dessins au style naïf, presque enfantin, témoignent d’une volonté de réenchanter le monde. Les traits tout en courbes multiplient les couleurs, sans souci de réalisme. Les cils et cheveux sont représentés par une superposition de traits dont le foisonnement forme un écrin de douceur. Les attributs féminins (lèvres pulpeuses, maquillage, cheveux longs et bijoux) sont exacerbés.

Les dessins de Mathias Augustyniak constituent des fragments d'une sémiologie. L’artiste rassemble des signes du monde extérieur, les lit, les réinterprète, les transforme. Tous ces signes sont assemblés, égaux les uns aux autres, ils composent un langage où le mot et l'image communiquent et pourraient bien devenir interchangeables. Sa pratique du dessin est portée par une forme ancienne d’humanisme — une exploration des potentiels de l’humanité. Deux vocabulaires structurent, significativement, ce langage : la figure humaine, et les lettres — et souvent, ils se fondent l’un dans l’autre, la figure humaine mute en lettres d’un alphabet de l’universel, contribuant à un discours dont le sens reste encore à déchiffrer, alors que les lettres sont habitées par le corps, ou des parties de corps, à tel point qu’elles ne peuvent se décontaminer l’une de l’autre.

Maxime Duchamps
Photo Mathias Augustyniak and Olivier Zahm at Le Montana, Paris. Photo Olivier Zahm - purple NIGHT

Mathias Augustyniak - A Voir, Déjà Vu -> 18/03/17
Air de Paris 32, rue Louise Weiss 75013 Paris

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