Tout Finira Bien ou le Saint-Germain d'après
Sentant la chanson hexagonale en version attentive-Biolay ou en faux-minimaliste à la Albin de la Simone, Tout Finira Bien fait oublier sa musique et focalise sur les mots. Loin de toute variète avariée, retour de la chanson française, ou plutôt même, de la franco-belge connection…
Cet album aurait pu sortir, sans nul doute, vers 1967/68 chez Jacques Canetti, au même moment que les premiers envois d'Higelin ou de Fontaine. Quoique, passée l'apparente désuétude jazz-chanson, on entre de plain-pied dans des thématiques du XXIe siècle, arrangées à la Vian pour faire simple. Mais, sentant plus la chanson hexagonale en version attentive-Biolay ou en faux-minimaliste à la Albin de la Simone, le groupe en profite pour vous faire oublier sa musique et focaliser sur les mots. Loin de toute variète avariée, retour de la chanson française, ou plutôt même, de la franco-belge connection…
L’histoire du groupe commence en 2008, lorsque Gilles Bourgain décide avec Florent Hubert, producteur confirmé, de monter un répertoire de chansons. Gilles écrit, Florent arrange. Ils proposent alors à Simon Tailleu et Stéphan Caracci de faire vivre et évoluer leur répertoire.
C’est sur un fond jazz aux mélodies généreuses que Gilles Bourgain, accompagné de quatre musiciens : Simon Tailleu (contrebasse, basse, claviers), Stéphan Caracci (percussions),Yann Lecollaire (clarinette, basse) et Jordi Grognard (sax ténor, clarinette, flûte traversière) va dorénavant travailler. Avec ces instruments récurrents du jazz, ils construisent un univers envoûtant qui, d’une piste à l’autre, évolue d’une musique de chambre vers des sonorités plus électroniques. La flûte traversière de Gilles Bourgain et la clarinette y ajoutent une touche dansante, tandis que la basse rend la musique plus sombre, plus mystérieuse.
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Après Mouton Mouillé, leur premier album et des collaborations avec Grand Corps Malade, le quintet de chanson française Tout Finira Bien revient avec "Au Cœur", une fresque en 14 tableaux impressionnistes. Gilles Bourgain, compositeur-ingénieur-poète- flûtiste décalé, fait swinguer des mots tantôt doux, tantôt durs, qui nous emmènent dans un univers singulier fait de contradictions : entre contemplation et engagement, quotidien et philosophie, joies et déchirures. Un homme complexe, au cœur du monde. Le décalage de la musique donnant toute puissance aux mots, ceux-ci rutilent finement à vous accrocher les oreilles, puis les neurones à la manière d'un Albert Marcœur pour la diversité des approches musicales : musique de chambre, sons électroniques, orchestre symphonique, boite à musique... On voyage.
Dans le monde actuel des perturbateurs endocriniens, Tout Finira Bien englobe le monde avec une poésie qui fleure autant le bitume que les frondaisons… "Reflets flous sur une flaque fait ce qui vacille, puis se diffracte, puis s'éparpille, transperçant la poussière; éblouissant les gouttières : lumière, magnificence. " Alors chanson-jazz ou jazz chanté ? on s'en tape. Ne boudons pas notre plaisir, il ne tient qu'à nous de le savourer où il se présente. Et là …
JP (bucolique) Simard le 22/11/17
Au cœur de Tout Finira Bien, Igloo Records