L'AUTRE QUOTIDIEN

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L'esthétique renouvelée d'Identités Plurielles

Tenter de bouleverser les règles de l'art, en en changeant les paramètres ou en faisant varier les modes d'expression, l'enjeu d'Identités Plurielles est tout là. En neuf artistes et expressions allant du dessin à la sculpture, en passant par la peinture ou la photographie, voire la gravure. Exemples.

Identités plurielles,  regroupe les travaux de neuf artistes à travers un parcours de trente œuvres, dessins, photographies, sculptures, gravures et peintures. Toutes cherchent à s’affranchir des procédés, supports et éléments traditionnels de composition usuels,  en développant un langage propre et identifiable. En témoignent les photogrammes d’Adam Fuss, la multitude d’effets de mise au point dans les œuvres Thomas Brummett, ou encore les procédés illusionnistes inhérents aux travaux de Raùl Illarramendi ou de Manish Mai.

Pierrette Bloch fusain

Tout au long de sa carrière artistique, Pierrette Bloch (1928) est restée fidèle aux matériaux et motifs simples. Avec ses collages, encres de Chine sur papier, ses plaques d’Isorel, ses cordages etcrins de cheval, elle a créé son propre langage. Formel, minimaliste mais tout en nuances, il repose sur des points, des lignes et des traits. L’artiste explore la frontière entre dessin et sculpture,  comme elle reformule le rapport entre vide et plein via l’intervalle. Et le geste spontané de l’artiste en demeure le fondement qui en dévoile de nouvelles séries et expériences sur les matériaux.

Thomas Brummett Desert #2

Le temps s’est arrêté dans les travaux de l'artiste photographe américain Thomas Brummett. Chez lui, la recherche d'éternité  ne se limite pas au motif : le matériau utilisé pour la création doit répondre à des exigences de durabilité maximale et de perfection technique. Tony Cragg (1949) travaille avec les matériaux les plus diverses tels que le bois, la pierre, le verre ou encore le fer. Ses œuvres les plus récentes présentent des formes abstraites et organiques, accumulations de strates et de volutes. Chaque changement de matériau est une nouvelle réflexion sur les possibilités formelles et expressives.

Adam Fuss, daguerréotype

Adam Fuss (1961) est connu pour ses compositions énigmatiques obtenues par le biais de la technique du photogramme, en plaçant des objets sur des matériaux photosensibles et en détournant l’utilisation traditionnelle de l’appareil photo, technique popularisée par les artistes surréalistes. Fuss inclut une imagerie évocative dans ses travaux, allant de compositions florals, à des motifs naturels, des spirales abstraites, ou des gouttes d’eau, et ses photographies sont souvent nimbées de lumière et d’un caractère éthéré.

Raúl Illaramendi

Les travaux de Raúl Illaramendi (1982) procèdent de l’observation de “traces laissées par l’homme” au quotidien en milieu urbain. L’artiste débusque et photographie leurs compositions singulières sur les façades, les trottoirs ou encore les portes, se constituant de cette manière un répertoire d’images, dans lequel il puise pour créer ses œuvres. Pour la série des Losanges, il s’est inspiré du damier laissé par le carrelage de son atelier, méticuleusement reproduit sur papier à la graphite.

Robert Mangold

 

Robert Mangold (1937) s’intéresse aux possibilités visuelles de la structure colorée et aux rapports de la ligne avec une surface plane, ainsi qu`à la nature du fragment par rapport à la totalité. Son vocabulaire, largement emprunté à l’histoire de la peinture, est constitué de surfaces colorées, de lignes et de châssis aux dimensions variées et au format souvent irrégulier. Ses compositions s’appuient sur le rapport entre la ligne, la surface et le support, qui dessinent des figurent géométriques inexactes, paradoxales, demandant un effort certain de lecture.

Mannish Nai

Intrigué par le potentiel illusionniste de la peinture, Manish Nai (1980) étudie les possibilités offertes par les formes de l’Op Art, en laissant apparaitre dans ses dessins des sections faites de reliefs et de dépressions, œuvres en réalité parfaitement plates. En explorant les effets de trompe l’œil, la pratique picturale tend, dans son rendu tridimensionnel, à se rapprocher de son activité de sculpteur.

Detlef Orlopp

Detlef Orlopp (1937) agit dans ses photographies avec le connu, en mettant en scène le paysage. Et ces paysages ne font pas errer le regard dans le lointain, mais sentir l’attrait de la proximité. Orlopp ne montre, dans ses photographies aucune vue de paysage ni aucune étude de nature en détail, comme des fleurs, des pierres ou des brins d’herbe. Il est avant tout intéressé par des données structurales qui se rencontrent dans leur linéarité et planéité. Et c'est bluffant.

Pour résumer le propos, ces artistes tentent de sortir du cadre, d'abolir de vieilles méthodes de travail pour pousser le coin d'une autre formulation artistique. Mais cela fonctionne à contrario en ajoutant les œuvres, et en juxtaposant les techniques présentées qui existent toutes déjà dans leur spécificité par support. Coup de bluff, ou coup de poker? A vous de juger sur pièces.

Identités Plurielles ( expo collective )  4/06->30/07/16
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme75003 Paris
Site officiel