L'AUTRE QUOTIDIEN

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Faut-il lâcher le fauve Albert Marquet ?

A l'observateur distrait on dira que Marquet se situe entre les marines de Boudin et les à-plats de De Stael. Mais qui veut entendre ça ? On rectifiera en allant voir l'expo en cours, qui prouve que, du fauvisme à la fin, il a œuvré à trouver l'harmonie tonale qui donne la justesse à son trait. Et qu'importe le sujet…

Le Musée d’Art moderne montre une importante monographie d'Albert Marquet (1875-1947),  regroupant plus d’une centaine d’œuvres -peintures et dessins-, certaines montrées pour la première fois en France. Le parcours chronologique et thématique fait redécouvrir cet inclassable qui a évolué du post-impressionnisme au fauvisme, tout en conservant son indépendance stylistique.

Albert Marquet, Le Port, Le Havre, 1906

Marquet a passé sa vie à voyager entre les rives de la méditerranée et de la Seine, faisant du paysage et de l’eau, ses motifs favoris. Il a construit son œuvre loin des débats artistiques du moment, en maintenant une amitié indéfectible avec Henri Matisse, rencontré en 1892 dans l’atelier de Gustave Moreau.

Albert Marquet, Affiches à Trouville

Du fauvisme auquel il est associé à ses débuts, il ne retient que quelques caractéristiques : la simplification des formes, une autonomisation relative de la couleur, l’apparence d’improvisation rapide. Mais Marquet recherche une harmonie tonale afin de montrer l’essentiel, veut synthétiser les sujets avec justesse et équilibre : « peindre comme un enfant sans oublier Poussin

Albert Marquet, Maison à Saint Tropez

Le parcours de l’exposition met en lumière cette constante recherche de modernité à travers les différents aspects de son œuvre : depuis ses premiers travaux à Paris et à Arcueil aux côtés de Matisse, ses œuvres de la période fauve, ses nus si caractéristiques entre étude académique et face à face sensuel, jusqu’à son obsession du paysage, de la variation à la série, « cette très particulière domination optique du monde » pour reprendre les mots de Jean Cassou, à la fois moderne et intemporelle.

Albert Marquet, peintre du temps suspendu -> 21/08/16
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h et le jeudi jusqu’à 22h
 

Albert Marquet – Intérieur à Sidi-Bou-Saïd – vers 1923