L'AUTRE QUOTIDIEN

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Les rendus de lecture qui tuent

Claro réussit le tour de force de déréaliser à jamais tout compte rendu de lecture critique. Et c'est à mourir de rire, de mauvaise foi, de finesse et d'arrogance. Un monument !

J'aime bien ton livre mais tu peux finir de le colorier steuplaît.

J'ai pas compris pourquoi les personnages coulaient comme du camembert trop fais à la page huit.

C'est bizarre mais tes descriptions donnent envie de se renseigner sur la fabrication du napalm.

Ce qui me gêne dans tes dialogues, c'est que le tiret semble vouloir continuer pour barrer ce qui suit.

J'adore le début de ton livre mais j'arrive pas à le trouver.

Il y a des passages magnifiques mais si on est pas toi on peut pas le savoir.

Ta maîtrise de la syntaxe me rappelle le modus operandi d'un serial killer avec son nom sur un badge.

J'ai beaucoup aimé les remerciements.

C'est normal que le récit meurt au chapitre 2 et qu'au chapitre 3 les condoléances soient discrètes?

 La scène entre le problème de narration et le défaut de structure est criante de vérité.

Tu as bien fait de le paginer.

C'est exprès que tu as employé des mots dont tu croyais connaître le sens?

A ta place, je me renseignerais sur les débouchés du suicide.

Je pense que tu devrais réécrire les scènes de sexe, même s'il n'y en a pas.

J'aime bien tes allusions à Stendhal mais ça fait tache.

Pourquoi la fille dit-elle à la mère que son père est le mari de la femme à qui elle parle page 212?

J'espère que ton éditeur a d'autres moyens de subsistance.

C'est normal que les émotions de tes personnages soient toutes dans le catalogue Ikea ?

La fin est superbe. En plus, fallait oser la mettre en page 32.

Le problème, c'est que quand tes personnages répondent, on décroche.

Mon sentiment c'est que ton nègre est mort dès la page de titre.

J'ai déjà lu ton texte, je crois, et pourtant je ne suis pas allé à la décharge depuis longtemps.

Je sens l'influence de Proust. De Joyce. De Musil. Et de Cervantès. Mais pas dans ton texte.

Tu viens d'écrire le premier vibro-roman en panne de l'histoire de la littérature érotique. Bravo.

Ton héros me rappelle un voisin de palier dont j'ai oublié jusqu'à l'anonymat.

C'est normal que toutes tes métaphores se comportent comme des produits détergents?

La scène où le narrateur comprend qu'il écrit mal est hyper crédible.

Tes adjectifs sont tellement discrets qu'on dirait des adverbes.

Le dénouement serait plus subtile si ton récit avait moins une tête de nœud.

Ton texte est trop violent, surtout au niveau grammatical.

J'espère que tu ne révèles pas ton adresse en même temps que le nom de l'assassin.

Le mieux c'est que tu dises à l'éditeur que c'est de la science-fiction.

Le problème, c'est que tes paragraphes n'ont pas l'air de se connaître.

Si c'est l'intention qui compte, ne remets pas d'encre dans ton imprimante.

Tu te relis avant d'écrire?

Cannibale Claro


Claro est écrivain, traducteur et éditeur. Son dernier livre : "Comment rester immobile quand on est en feu" vient de sortir aux Editions de l'Ogre. Vous pouvez le retrouver sur son blog : Le Clavier cannibale.