L'AUTRE QUOTIDIEN

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L’Afrique électronique au carré de Batida et Konono N°1

A la croisée de musiques ancestrales délivrées avec la dernière prod électronique et une instrumentation rétro-futuriste, Lisbonne fait danser Kinshasa et le monde …

D’un côté le groupe africain qui séduit les publics rock et électro depuis des lustres et de l’autre un angolais-portugais, éminent rénovateur du son lisboète qu’on adore, comme celui du label Principe Discos. Et de ce chaudron infernal sort un son qui semble connu, mais reste étonnant, celui d’une même approche musicale d’inspiration angolaise, les deux habitent chacun d’un côté de la même région frontalière… d’où l’étrange proximité.

Quel chemin parcouru par Konono N°1 depuis Congotronics en 2004, un album produit par Vincent Denis, comme tous les autres depuis à l’instar de ceux de Kasai Allstars, Staff Benda Bilili, Zap Mama, Taraf de Haïdouks, Tartit et bien d‘autres. Il a co-réalisé le mythique album "Noir et Blanc" de Zazou Bikaye (1983). Au départ musicien, il fut membre de deux premiers groupes phares de Crammed Discs: Aksak Maboul et The Honeymoon Killers. Il a aussi joué avec plusieurs artistes congolais, notamment Franco Luambo Makiadi (OK Jazz) et Papa Wemba.

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Mais le projet du jour, avec Batida alias Pedro Coquenão, résonne différemment puisqu’enregistré à Lisbonne avec plusieurs collaborateurs et amis de Batida, issus de la vibrante et cosmopolite scène lisboète : le guitariste Papa Juju (leader du plus important groupe local d’afro-fusion), la chanteuse Selma Uamusse (l’une des meilleures chanteuses africaines résidant au Portugal) et le MC AF Diaphra, artiste multimedia et slameur distingué. Comme un nouveau lien entre le Kinshasa natif des Congolais électroniques et le nouveau son lisboète aux racines musicales angolaises dont s’inspire Batida pour ses albums et concerts.

Batidapar Ana Brigida

Mais c'est aussi un renouvellement au sein de Konono N°1, puisque le fondateur Mingiedi Mawangu, décédé en 2015 à l'âge de 85 ans a transmis le flambeau à son fils Augustin depuis des années. On entend toujours ce son inouï de pianos à pouces amplifiés et de la section rythmique sauvage qui en ont fait la coqueluche inattendue des publics indie, rock et électronique européens et américains et les a fait jouer aux côtés de, rien moins que, Björk, Beck, Coco Rosie, Herbie Hancock ou Animal Collective.

Assez loin de la house ralentie et/ou dub tribale de DJ Marfox ou Nigga Fox, ce sont pourtant les même rythmes et mélodies qui parcourent ces musiques aussi anciennes que novatrices dans leur exécution, un genre de doigt d’honneur à la musique molle des FM et un bras d’honneur à tous ceux qui tentent encore de la formater. Quand la musique de rue réinvente la danse, ça donne aussi ça …

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Konono N°1 meets Batida  (Crammed Discs)