L'AUTRE QUOTIDIEN

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Pensées noires, collines blanches

White Hills jouent avec une certaine idée du rock, une idée certaine même. Pas un format pop et c'est assez lumineux, version lumière noire. Ray Ban conseillées.
 

Dans le dernier film de Jim Jarmusch, Only Lovers Left Alive, un dandy vampire retrouve la route du désir pour envisager de vivre. Pas mal pour un immortel !

Mais ce qui est en jeu ici, c’est plus la façon de sortir d’un univers bunkérisé de culture rock - le héros est musicien créateur de boucles industrielles dans un Detroit où le temps ne passe pas, ne passe plus. Il s’accumule. Il n’y a plus rien à attendre et pourtant rien d’autre à faire qu’attendre. Et comme le disait Lalanne dans les Inrocks à la sortie en 2014 : «  une repousse est toujours possible là où le désert semblait l’horizon. Il suffit d’un corps (deux en l’occurrence) pour stimuler une grosse remontée désirante."
 

Ego Sensation

Et cela passe par plusieurs indices dans le film, une collection de 45 tours rock absolument fabuleuse de rareté - et donc ignorée du grand public - qui sert de référent pour un rock non dévoyé et des prestations live de ses amis new-yorkais de White Hills. Quelque chose qui tient de la culture, de celle qui reste, pas du bubble-gum à radio FM, et de la prolongation d’une idée que cela reste vrai tant que c’est joué selon certains critères.

Alors qu’en est-il du duo de base de White Hills, celui formé par la guitare et la voix de Dave W. et des voix et basse de Ego Sensation, la réponse est nette et filmée en live dans un bar de Detroit ; c’est“Under Skin Or By Name”. Ils passent pour un des groupes les plus prolifiques du moment, signés sur Thrill Jockey, ils ont à leur actif pas moins de sept albums et plus de 40 sorties, dont lerécent (2015) Walks For Motorists. 
 

Ego Sensation + Dave W. = White Hills live

No Game to Play, le premier essai de 2005, quasi solo du guitariste a été repêché par Julian Cope sur son label Fuck Off and Di , rebaptisé They’ve Got Blood Like We’ve Got Blood. On y trouve les influences croisées d’un certain rock qui n’avoue pas ses limites, celui des Hawkwind, Stooges et MC5. Alors, on sait qu’on est dans le vrai - et que ça va être très intéressant. Bientôt réédité ( en mai ) en vinyle par le label de San Francisco, 300mics, ils occuperont aussi la scène du Psychfest de Milwaukee le 6 mai prochain.

Jean-Pierre SIMARD
 

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