Deux cordes seulement à sa guitare, une voix rauque et puissante et Prince Buju emporte le morceau au son du kologo. 

Prince Buju fait partie de la scène très active du kologo dans la banlieue de North Kanishie,  à Accra au Ghana, aux abords du bar de King Ayisoba. C’est là que de nombreux joueurs de kologo se retrouvent pour jouer en fin d’après-midi et faire des jams où ils accueillent des spectateurs jusqu’aux environs de minuit, l'heure de fermeture du bar.

Le kologo, genre de guitare primitive à  deux cordes montées sur un résonateur est le principal instrument de l’ethnie Frafra , région du nord est du Ghana, dont la capitale est Bolgotanga. La plupart des grands joueurs de kologo, dont Prince Buju, sont originaires de la région et de la ville de Bongo. Certains sont montés à Accra afin de faire découvrir leur musique en mixant la langue frafra à l’anglais et au twi.

Le précurseur de la scène, King Ayisoba est auteur d’un numéro un des charts ghanéen qui l'a fait tourner dans tous les festivals world depuis et, les nouveaux venus que sont Prince Buju, Ayuune Suley, Sambo, Guy One essayent d’imposer leur style personnel.  On reconnait celui de Prince Buju à sa voix rauque et puissante qui chante des chansons aussi sensibles qu'engagées autour de sujets privilégiés comme la perte, la guerre et le désastre à venir, en les enjoignant à changer de mode de vie et d’habitudes et il est en passe de franchir les frontières avec les seuls arguments de sa voix et de sa guitare avec une philosophie assez rasta.

« J’ai commencé à jouer du kologo quand j’étais très jeune. Et ma mère a détruit ma première guitare en me sermonnant pour aller à l’école et avoir d’autres intérêts dans la vie que le seul kologo. C’est seulement après sa mort le 3 mars 1994, quelle m’y suis remis. Aujourd’hui, je pleure en jouant quand je pense à elle et à mon père. Et la plupart du temps, cela me donne de l’inspiration ainsi qu’une force irrésistible sur scène. »

Et ce n’est pas parce que l’album est sorti en 2014 qu’il faut l’ignorer, tant la puissance du dénuement à l’œuvre impose non seulement le respect, mais une voix aussi singulière qu’originale, celle de Prince Buju, dont on va continuer à entendre parler.

Prince Buju - In the War ( Makkum Records)  
http://www.makkumrecords.nl/mr13cd.html