L'AUTRE QUOTIDIEN

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Luxuriance beat et surréaliste avc Gary Snyder

Des Manichéens dont on retient surtout le grand rire, au loin, dans l’un des premiers textes du poète beat Gary Snyder.

C’est par l’attaque de la deuxième strophe, « J’entends ton rire lointain », que Mario Maurin et Laure Nguyen-Huynh ont choisi de traduire « The Manichaeans » pour leur édition chez Derrière la salle de bains en 2011, un poème écrit en 1956 par Gary Snyder, et publié dans son premier recueil, « Myths and Texts », en 1960.

Les câbles du funiculaire
S’enfilent à toute vitesse sur leurs poulies huilées
À deux pieds sous terre.
pris au piège par quelque mystère
se déplaçant bien en ordre.
Un moment à cette grande intersection,
les feux changent, ils sont
des catastrophes parmi les étoiles,
Une spirale rouge de minotaures
éteints.
La trompette de la mort
d’un paquebot sur le quai 41.

Texte fort précoce du poète beat à la longévité la plus impressionnante, et de loin – partagée uniquement avec Lawrence Ferlinghetti –, on sent dans ces quelques lignes intenses le feu étrange du zen pour lequel l’intérêt de Gary Snyder est alors en gestation, en même temps que toutes les traces feutrées et néanmoins très vives des séjours dans les bois et les grandes forêts de l’Ouest et des Rocheuses, seul ou en compagnie de Jack Kerouac, au cours des années précédant son installation à San Francisco. L’inspiration surréaliste brute est encore fort présente ici, la luxuriance sexuelle n’est pas absente, loin de là, et la force des ces lignes demeure intacte, presque soixante ans après leur écriture pionnière et de fortune.

Gary Snyder in 1947 at The Oregonian, where he worked as a copyboy.

Gary Snyder - J'entends ton rire lointain aux éditions derrière la salle de bains
Coup de cœur de Charybde2

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