L'AUTRE QUOTIDIEN

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Dictionnaire des cinéastes japonais

Tout le monde sait la portée du cinéma japonais, mais peu en connaissent l'histoire, cinéaste par cinéaste, de film en film, de réalisateur en œuvre… Sous la direction de Pascal Alex-Vincent, un petit bréviaire chronologique de 1935 à 1975 agrémenté de six tueries signées Ozu, Kobayashi, Mizoguchi,  Kurosawa, Naruse et Oshima. Idée cadeau ?

Voyage à Tokyo de Yasujiro Ozu

Extrait de la préface de Kiyoshi Kurosawa :
Le nombre de noms propres rassemblés dans cet ouvrage est incroyable. Cela me laisse stupéfait. Où sont-ils allés en dénicher autant ?

La plupart des gens, en France ou au Japon, connaissent sans doute moins d’une dizaine de réalisateurs japonais. Cela dit, le fait qu'en réalité il a existé tant de réalisateurs au Japon est une preuve manifeste du caractère ambigu, mensonger et douteux du mode d'expression qu’est le cinéma, et je trouve ça bien agréable. Peut-être est-ce parce que mon nom est modestement inscrit au bas bout de cette liste, me donnant l’impression que ma propre position m' est généreusement garantie.

C’est sans doute le cas partout dans le monde, mais ce n'st pas le talent de quelques réalisateurs particuliers comme des Ozu, des Mizoguchi, Naruse ou Kurosawa qui a bâti l'institution cinématographique d'un pays. Celle-ci aété mise en place tant bien que mal par le sens des affaires, le désir ou par la dynamique de gens anonymes d’une tout autre sorte. Quoi qu’il en soit, les noms qui figurent sur cette immense liste sont imposants, certes, mais si on les envisage différemment, ils en viennent à se ressembler, à se valoir à peu près tous, et il est difficile de saisir leurs traits spécifiques. Ce qui me vient à l'esprit comme cause de cette similitude est le paysage du territoire japonais, paysage uniformisé, auquel il n’est pas possible d'échapper. Au Japon, la nature tout comme les constructions artificielles sont un peu les mêmes partout. Aux Etats-Unis, la sortie d’une ville donne directement sur des paysages sauvages qui s'étendent à l’infini, en France les quartiers pauvres jouxtent de fastueuses demeures, des gens du cinéma un peu talentueux chercheraient instinctivement à capturer ce genre de choses dans le viseur de la caméra et imagineraient sans doute immédiatement une histoire qui aurait ces lieux pour décors, tandis qu’au Japon, il n’y a quasiment que des ruelles, des forêts et des plages. C’est définitivement pauvre comme paysage à projeter sur un écran de cinéma. Sauf qu’en réalité pour nous autres Japonais, la salle de séjour d’un bordel, celle d’une résidence de guerrier ou d’une maison préfabriquée de l’après-guerre sont chacune très différentes, et les histoires qui y sont contées ne sont bien sûr pas les mêmes, mais étonnamment lorsqu’elles sont filmées, elles finissent par se ressembler. De même, les forêts, champs et rizières, le Pacifique, la mer du Japon et la mer de Chine méridionale sont tous différents, mais cinématographiquement similaires.

HARAKIRI de Masaki Kobayashi

Saviez-vous qu’Akira Kurosawa ignorait que son film Rashômon avait été présenté au Festival de Venise, où il venait pourtant de remporter le Lion d’Or ? Que son acteur fétiche, la star Toshiro Mifune, fut le réalisateur d’un seul film ? Que, dans les années 1930, Mashiro Makino tournait parfois deux films en même temps en s’aidant de substances interdites ? Que Kon Ichikawa fit appel à Michel Legrand pour composer la musique d’une de ses superproductions ? Et que le maîre du cinéma érotique des années 1970, Chusei Sone, disparut subitement pour réapparaître, des années plus tard, en spécialiste de l’aquaculture ?

Ce dictionnaire généreux et accessible à tous, novices comme cinéphiles, retrace le parcours des réalisateurs et des films à l’origine de l’âge d’or du cinéma japonais (1935-1975) : 101 destins et 101 histoires de cinéastes qui ont contribué à faire du cinéma japonais l’un des premiers au monde.

Coordonné par Pascal-Alex Vincent, qui œuvra pendant 12 ans à la réédition de grands classiques en salles, et rédigé par une jeune équipe de critiques et chercheurs venus de Paris et de Tokyo, Le Dictionnaire des cinéastes japonais présente 101 cinéastes essentiels. Chaque notice met en avant son parcours, ses œuvres maîresses, avec toujours la même ambition, aider et inciter le lecteur à découvrir ce cinéma d’exception.
Le dictionnaire est également présenté avec un cahier d’illustrations et une sélection de 6 grands classiques en DVD, dont un film de Mikio Naruse inédit en vidéo (Une Femme dans la tourmente).

Une Femme dans la tourmente de Mikio Naruse 1964

Coffret L’âge d'or du cinéma japonais (1935-1975)
( comprenant le dictionnaire des cinéastes japonais + 6 dvd )
Carlotta/DiffusionGM Editions

Je ne regrette rien de ma jeunesse d'Akira Kurosawa

Contes cruels de la jeunesse de Nagisa Oshima

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Maxime Duchamps (avec Carlotta)

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