L'AUTRE QUOTIDIEN

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40 X James Rosenquist chez Ropac

C'est finalement plus a posteriori que Rosenquist est intéressant, pour avoir amené le monde de la pub et des affiches dans l'art avec sa version éclaboussée de couleurs du Pop Art.  De cela, on lui sait gré, comme d'avoir poussé le bouchon dans tous les recoins symboliques possibles :  la géopolitique, la technologie, l’écologie, l’espace ou encore le voyage dans le temps.

Cette exposition monographique de James Rosenquist chez Ropac (Pantin) est une sélection de 33 œuvres marquantes échelonnées sur quarante ans de création, à partir des années 1970, toutes empruntées à l’artiste et à des collections privées. Pop the Weasel !

James Rosenquist, né en 1933 dans le Minnesota, commence sa carrière comme peintre publicitaire avant de devenir une figure majeure du Pop Art dans les années 1960, aux côtés d’Andy Warhol, Roy Lichtenstein et Claes Oldenburg. Son expérience l'amène à utiliser l’iconographie des médias de masse pour interroger la culture marchande. Avec leur intense force visuelle, ses œuvres révèlent les fards de la société américaine, des paysages urbains façonnés par le consumérisme ou de la flore tropicale luxuriante de Floride. Ses compositions élaborées séquentielles, kaléidoscopiques ou entrecroisées combinent plusieurs niveaux narratifs, tout en jouant avec les volumes et les échelles. Rosenquist a travaillé sur l’esthétique, la géopolitique, la technologie, l’écologie, l’espace ou encore le voyage dans le temps.

Les œuvres du Rosenquist des années 1980 et du début des années 1990 sont caractérisées par son emblématique technique du « hachurage ». Le tableau floral intitulé Sky Hole (1989), de sa série Welcome to the Water Planet, en est un parfait exemple. En parallèle de ses œuvres aux motifs floraux, l’artiste réalise également des peintures aux allures de rêves hallucinatoires sur le thème de l’espace. Pour composer ses toiles, Rosenquist part le plus souvent d’un collage réalisé à partir d’images de références, de dessins et d’images trouvées. Ces images sont généralement déformées par la suite à l’aide de cônes en métal réfléchissants et d’une photocopieuse. L’artiste transpose ensuite son image à main levée sur une toile monumentale quadrillée, sans aérographe ni outils technologiques.

La fascination de longue date que l’artiste entretient pour l’espace s’exprime dans sa série des années 1990 intitulée Meteor, celui-ci météore étant pour lui symbole de l’inexplicable. À travers cette série, l’artiste rend hommage à Constantin Brancusi et Pablo Picasso, créant ainsi une passerelle entre art moderne et contemporain.

Des années 1990 jusqu’en 2010, le thème du temps est omniprésent dans son œuvre. Les séries intitulées Speed of Light et The Hole in the Centre of Time explorent différentes facettes de ce thème. Rosenquist est fasciné par la théorie de la relativité d’Einstein selon laquelle un spectateur immobile voit une action différemment d’un spectateur se déplaçant à la vitesse de la lumière. La série intitulée Speed of Light (2000-2006) combine des objets peints de manière hyperréaliste avec des formes abstraites et dynamiques évoquant des ondes énergétiques. Les œuvres Time Stops the Face Continues (2008) and Speed of Light Illustrated (2008) de la série The Hole in the Centre of Time comportent des systèmes de miroirs motorisés, faisant ainsi entrer à la fois le spectateur et l’espace qui l’entoure dans la toile. Les peintures évoluent ainsi en fonction de la position du spectateur et de son mouvement. L’artiste interroge en cela notre perception et notre maîtrise du temps.

En parallèle avec l'exposition de Pantin, l'espace du Marais présente une sélection d’une trentaine de collages, rarement exposés auparavant. On y découvrira les premières étapes du processus créatif de l’artiste. Ces collages de petits formats seront montrés non seulement comme des études, mais aussi comme étant des œuvres à part entière.

"Le collage est comme une lueur… un reflet de notre société moderne. Par exemple, mettons que vous vous promenez dans le centre de Manhattan en regardant les jambes des femmes qui marchent devant vous, vous verrez tout de même, dans votre champ de vision, le taxi qui arrive et qui risque de vous renverser. Les jambes des femmes et le taxi sont autant d’éléments que vous voyez, analysez et identifiez par fragments. Cela se passe très rapidement et simultanément." (James Rosenquist)

On a là une excellente définition du geste pop dans son instant et sa transmission. Ni plus ni moins. Et si l'on commence à regarder les affiches selon cette esthétique, elles en deviennent immédiatement déviantes/vivantes. Comme une sorte de revanche sur le banal du quotidien. 

Friedrich Angel (avec la galerie)

James Rosenquist - Four Decades 1970/2010 -> 7/01/17
Galerie Thadeus Ropac - Paris/Pantin   69, avenue du Général Leclerc 93500 Pantin

 

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