L'AUTRE QUOTIDIEN

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Bombyx Mori, en quête de l'origine du mouvement

Qu'est-ce qui donne l'origine du mouvement pour un danseur ? Est-ce l'espace dans lequel il évolue, la manière dont il est habillé ou le rapport que cela constitue pour le spectateur ?  Réponse ci-dessous …

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De toutes les pionnières de la danse moderne : Isadora Duncan, Loïe Füller, Ruth Saint-Denis, Martha Graham, Doris Humphrey pour les États-Unis, ou Mary Wigman et Hanya Holm en Allemagne, dont les recherches visaient à libérer le corps des carcans du ballet pour une autre expression plus féminine et (déjà) libérée, on a surtout retenu Martha Graham, Isadora Duncan et Mary Wigan. Ce qui n'est pas une raison suffisante pour oublier Loïe Fuller 1862-1928) qui cherchait de son côté à définir, par la danse, un rapport plus proche de la nature en employant des techniques de son temps qui convoquaient aussi bien les lumières, la façon de regarder les spectacles et le corps en rapport avec des tissus qui définissaient les mouvements des danseurs.

Aujourd'hui, la chorégraphe Ola Maciejewska repart sur les brisées de Fuller pour proposer, avec deux danseuses, Bombyx Mori, en portant son attention sur sa conception du mouvement et son rapport à l’objet utilisé sur scène, non plus des voiles- mais des robes.

L’intérêt du travail de Loïe Fuller portait sur l’attention à la modification réciproque de l’objet et du mouvement. Comment le mouvement est-il modifié par l’objet, et celui-ci par le mouvement ? Le mouvement s’impulse à partir des objets et la danseuse, selon les mots d’Ola Maciejewska, « agit et se laisse agir par les objets ».

C’est donc une telle perception du mouvement que fait revivre Bombyx Mori qui tend à effacer la distinction commune entre sujet et objet. Ola Maciejewska pousse le spectateur, une fois la scène dans l’obscurité, à s’interroger sur ce qu’il voit. Qui est premier : la danseuse qui donne son mouvement à la robe ou la robe elle-même ? Ou bien ne voit-on que la confusion des deux éléments ?

Alors, jusqu'à l'épuisement même, on lira les rapports des corps des danseuses, des formes créées par le mouvement et des images qu’elles suscitent. Et la danse continuera de manifester sa quête.

Ola Maciejewska Bombyx Mori -> 22 &23/11/16
Théâtre de la Cité internationale   17, boulevard Jourdan 75014 Paris