L'AUTRE QUOTIDIEN

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Jour sans pain, la mort de Paul Bley

Paul Bley vient de mourir à Cherry Valley (Etat de New York), le 3 janvier. Une certaine idée du jazz intimiste lui doit tout - ce qui est déjà beaucoup. Nous vous invitons à écouter quelques-uns de ses disques et vous racontons son histoire. Il n'est pas interdit d'allumer une bougie au santal.

Né à Montréal en 1932, Paul Bley devient vite un pianiste renommé avec un double bagage classique et jazz que les boppers s'attachent,  de Charlie Parker à Charles Mingus, de Sonny Rollins à  Donald Byrd,  sans oublier Art Blakey, Il croisera en 1959 Ornette Coleman et Don Cherry, à la suite de Chet Baker, pour changer de registre musical. Mais sa singularité apparaît vraiment en 1961, quand il rejoint Steve Swallow et Jimmy Giuffre pour ouvrir une voie qui sera celle de toute la scène de la musique improvisée des années 70, à savoir un trio sans batterie avec basse, anches et piano.

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Cette autre voie ouvre l'espace sonore au lyrisme, aux harmonies étalées, et aux interactions entre musiciens. La mélodie et l'harmonie deviennent prédominantes sur le rythme. Ce qui donnera ensuite des idées au jazz de chambre sous l'étiquette du célèbre label ECM. L'album Free Fall du trio est à ce titre le plus jusqu'au-boutiste. Il sonnera la fin des expériences, le public ne comprenant pas la démarche des musiciens. Paul Bley se mariera quelque temps avec Carla Bleyn qui lui composera quelques hymnes ( IdaLupino), avant de se tourner vers les synthétiseurs Moog avec Annette Peacock au début des années 70 pour The Paul Bley Synthesizer Show, et devenir le modèle de Keith Jarrett. Toujours à la recherche de nouvelles sonorités, Paul Bley s'inspirera aussi de John Cage, en jouant directement sur les cordes de son clavier ou en préparant son piano avec toutes sortes d'objets.

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Il a enregistré aussi bien pour ESP que pour ECM, après avoir publié chez Savoy, tout comme pour Steeplechase, Justin Time ou Owl ; et même fondé son propre label, Improvising Artists. Ses mémoires étaient sortis en 1999, sous letitre Stopping Time. Pour tous ceux qui trouvent Jarrett gonflant, quelques douzaines d'albums de sa patte sont une excellente alternative. Un maître au son velouté. Benoit Delbecq en reste sans voix…