Au gigantisme des formes habituelles de la sculpture de Serra répond ici la matérialité et le choix laissé au hasard de ses dessins à la matière noire. Même résultat, une corporéité de l'œuvre avec le spectateur, et des effets de matière d'une réelle puissance.

Travaillant avec des matériaux industriels avec des techniques d’ingénierie particulièrement complexes, les sculptures de ce géant du minimal art opèrent une réflexion plastique qui mène à leur paroxysme la force physique et matérielle de l'œuvre. Les sculptures de Serra atteignent souvent des dimensions impressionnantes et sont vécues par le visiteur qui y pénètre et y circule en transformant ainsi son rapport à l'espace et à l'art. Ellipses, courbes, torsions voluptueuses, mais aussi verticales ambitieuses et lignes de fuite aériennes sont autant de formes que Serra explore dans son travail, selon des perspectives toujours inédites et spectaculaires. Serra a été influencé par l'architecture baroque, et les œuvres d'artistes tels que Barnett Newman, Eva Hesse, Robert Smithson et Donald Judd, mais son art n'utilise que les ingrédients de base de la sculpture - masse, poids, volume et du matériel.

Mais comme Anselm Kiefer, il existe un versant dessiné de son œuvre, celui que la galerie Gagosian présente dès jeudi à Paris, avec ses dernières créations intitulées Ramble Drawings qui, s'il part de la matérialité extrême des rendus dessinés, s'attache surtout à restituer différentes matières et leurs sensations face au spectateur pris un flux de textures et des granulations diverses. Si ses sculptures donnaient à voir le vieillissement des métaux et les parti-pris architecturaux du créateur, les dessins jouent la diversité mais participent de la même esthétique qui structure ou déstructure l’espace environnant. L’air et l’espace alentour y tiennent une matérialité et une densité plastique rare.

Richard Serra Ramble Drawings 28/01 -> 2/04/16
Gagosian Galerie4, rue de Ponthieu 75008 Paris
www.gagosian.com