L'AUTRE QUOTIDIEN

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Le machisme défait par Anne Cindric

Les grandes écoles ne formatent pas forcément leurs diplômés qui, des fois, retrouvent des chemins de traverse qui leur sont propres. On se souvient du centralien Pierre Muraccioli, devenu en 1966 par la grâce de ses Elucubrations un certain Antoine. Il en va ici de même avec l'énarque Anne Cindric qui s'était forcée à d'abord cadrer au discours de l'école pour retrouver ensuite ses pinceaux. Mais sa vision féministe de l'histoire fait aujourd'hui la différence.

Lonesome Cowboy - Anne Cindric  Ⓒ Galerie Laure Roynette

De son passage à l'Ecole Nationale d'Administration, elle a intégré les rouages de l'Etat, s'étant nourrie d’expériences fortes, comme préfet ou comme juge. Les  thèmes du pouvoir et de la force ont commencé à irriguer sa recherche picturale, mais elle sait déjà que ce chemin n’est plus sien. Dès 1998, elle rejoint les ateliers des Beaux-arts de la Ville de Paris, section peinture et commence à développer sa propre recherche et exposer son travail.

Battle Dress - Anne Cindric Ⓒ Galerie Laure Roynette

Elle appose un regard féminin aux univers masculins et divers objets de pouvoir, en quête d'un monde sans pesanteur, comme affranchi de la gravité. Monde aussi cruel que délicat, où règne mariage des contraires, mélange des genres, des époques et des échelles, détournement, dualité et ambigüité comme dans cette exposition collective, à la galerie Laure Roynette. Une occasion de se poser devant des grandes toiles aussi étonnantes que fortes, avec des cartes et portraits féminins inscrits dans un univers graphique évoquant aussi bien la figuration détournée du pop art, que les motifs textiles des wax africains ou même l'art du vitrail. Une artiste au discours apparemment soft mais à la figuration coup de poing. Remarquable.

In God we Trust - Anne Cindric Ⓒ Galerie Laure Roynette