Le "Dune" de Jodorowski n'a pas pu se faire, mais sa B.O envisagée par Kurt Stenzel sort enfin.
Le "Dune" d'Alejandro Jodorowski, le film qui aurait dû changer le cinéma à jamais, avec une bande de génies (Mick Jagger, Dali, Orson Welles) dirigée par Jodorowski, n'a pas pu se faire, le producteur hollywoodien ayant préféré lui retirer le film pour le confier à David Lynch (et Sting), mais sa B.O envisagée par Kurt Stenzel sort enfin. Et pour nous, c'est jour de fête.
Voilà donc la B.O. du film le plus attendu de la pop culture : le Dune d'Alejandro Jodorowski. Un film jamais sorti, par la volonté de son producteur-diffuseur américain, qui lui a refusé le financement car juste avant le tournage, il a trouvé que la diffusion européenne n'était pas assez conséquente. Un non-sens que le film associé au tournage ( et qu'on trouve sur le net) démonte point par point. En effet, c'est plus la machine hollywoodienne qui a refusé à une bande de freaks en avance sur son temps d'utiliser ses ressources par simple peur de se voir déborder. Car, en fait , après le non décollage du tournage, tous les plus pointus des techniciens se sont retrouvés chez Lucas Film pour aider à Star Wars … il semblait inconcevable que des Européens puisse griller les studios US sur la manne des années à venir, tous les blockbusters qui allaient se faire à grand coups d'effets spéciaux.
C'est en fait pour cette seule et unique raison que l'adaptation du Dune de Frank Herbert est tombée entre les mains de David Lynch, qui a fait ce qu'il a pu avec les moyens accordés. Et c'est ainsi que le compositeur Kurt Stenzel a pu donner corps, via son univers rétro-futuriste, à la vision personnelle qu'avait Jodoroswski de son propre Dune. Un film dont le casting envisageait tranquillement d'employer aussi bien Salvador Dali qu'Orson Welles, tout comme Mick Jagger ( pas une idée si folle quand John Lennon était intervenu financièrement sur El Topo et La Montagne Sacrée)- et qu'au niveau de la bande son, Jodo avait envisagé rien moins que Pink Floyd .
Partant de l'idée du réalisateur Frank Pavich de donner au film une sonorité dans le registre Tangerine Dream, Stenzel a sorti l'arsenal cosmique des synthétiseurs analogiques à rendre vert de rage les collectionneurs, un Moog Source, un CZ-101s, ou un Roland Juno 6, tout comme des instruments jouets : l'orgue Concertmate et une Nintendo DS. “J'ai aussi joué de la guitare et chanté" annonce Stenzel, " parfois chanté - d'autres parties criées, comme je le sentais." ”On trouve aussi des parties de récitation de Jodorowski, comme un guide-chant de la BO, tellement il possède un organe hypnotique, un vrai gourou ! "
Et, cerise sur le gâteux, pour se remettre dans l'ambiance de l'époque, Stenzel a pensé à l'auditeur en séquençant et mixant l'album, comme s'il avait les quatre faces d'un double -album. “J'avais envie", dit-il, de l'écouter à la manière des albums avec lesquels j'ai grandi. Message reçu et, en faisant bien attention, on peut même entendre ses cheveux pousser à l'écoute. Si, si !!!
Jean-Pierre Simard
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Kurt Stenzel - Jodorowsky's Dune Original Motion Soundtrack (Light in the Attic/Pias)