L'AUTRE QUOTIDIEN

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Nouveau faire-part de Christian Boltanski

« Je considère de plus en plus que mes œuvres sont comme une partition musicale, que je « joue » et que les expositions sont autant de réinterprétations. » Christian Boltanski

Faire-part est une méditation sur le temps. Boltanski y entremêle différentes temporalités en lien avec sa vie et son œuvre et déploie deux grandes installations : un labyrinthe de voiles suspendus et une œuvre contemplative constituée d’une projection vidéo et d’un parterre de fleurs. On y trouve aussi le diptyque Départ-Arrivée (2015), composé d’ampoules rouges et bleues, clin d’œil à l’anniversaire de la galerie, l’arrivée symbolisant aussi un nouveau départ.

Christian Boltanski, vue de l’exposition Faire-part, Galerie Marian Goodman, 2015 Courtesy of the artist & Marian Goodman Gallery, Paris — Photo © Rebecca Fanuele

La traversée de la vie (2015) remploie des photographies déjà utilisées dans l’une de ses premières œuvres fondatrices de 1971, comme l’Album de la Famille D. datant d’après guerre, que l’artiste avait récupéré et exposé sous la forme d’un mur photographique. Dans la nouvelle présentation, ces clichés sont agrandis et imprimés sur des voiles, effacés par les années. Le visiteur traverse ce labyrinthe textile et circule au milieu de souvenirs qui ne manqueront pas résonner en lui ; là où mémoires individuelle et collective se confondent.

Christian Boltanski, vue de l’exposition Faire-part, Galerie Marian Goodman, 2015 Courtesy of the artist & Marian Goodman Gallery, Paris — Photo © Rebecca Fanuele

L’installation Animitas (petites âmes) associe une projection vidéo à un parterre d’herbes séchées, de pétales et de fleurs qui flétriront et s’altéreront au fur et à mesure que s’écoulera le temps de l’exposition. Cette vidéo montre l’œuvre éponyme située dans le désert d’Atacama depuis 2014. Cette dernière, dédiée aux étoiles, a été installée dans ce paysage naturel unique où la pollution lumineuse est l’une des plus faibles du monde. Constituée de plusieurs centaines de petites clochettes japonaises, Animitas cartographie la constellation exacte du 6 septembre 1944, date de naissance de l'artiste. Balancées par le vent, les clochettes sonnent comme un doux carillon évoquant pour l’artiste « la musique des astres et la voix des âmes flottantes ».

Christian Boltanski, vue de l’exposition Faire-part, Galerie Marian Goodman, 2015 Courtesy of the artist & Marian Goodman Gallery, Paris — Photo © Rebecca Fanuele

Comme souvent dans le travail de Boltanski, les objets (photos, vêtements, clochettes, fleurs…) renvoient à des sujets absents et incitent à la méditation et au recueillement. Lui qui se définit parfois comme un « minimaliste sentimental » compose ici un paysage improbable et spirituel. Ces clochettes attaquées par l’érosion comme les fleurs qui se fanent symbolisent la brièveté de l’existence.

Faire-Part de Christian Boltanski -> 19/12
Galere Marian Goodman, du mardi au samedi de 11h à 19h
79, rue du Temple 75003 Paris
www.mariangoodman.com