L'AUTRE QUOTIDIEN

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La musique de Max Richter est une berceuse personnelle pour un monde frénétique

Photo : Alecsandra Raluca Dragoi for the Guardian

Qu'il recompose les Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi, qu'il écrive pour le cinéma avec Valse avec BachirImpardonnables ou les séries télé comme The Leftovers, le compositeur anglo-allemand Max Richter pratique aussi bien l'écriture contemporaine que l'électronique la plus avant-gardiste. Rattaché au mouvement post-minimaliste, son dernier coup est l'œuvre classique la plus longue jamais imaginée : Sleep, qui dure huit heures et doit se jouer, de préférence de minuit à huit heures du matin, dans une salle emplie de lits et non de fauteuils. Car sa destination est bien d'endormir l'auditeur. C'est une berceuse.

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 Composée pour cordes, électronique, piano et voix, celle-ci ne comporte pas de texte, Richter assurant : " C'est ma berceuse personnelle pour un monde frénétique. Un manifeste pour une existence ralentie."

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A la recherche d'un bouton pause dans un monde qui ne sait plus s'arrêter, Richter assure aussi que son œuvre permet de découvrir dans quels états on peut écouter de la musique via diverses états de conscience, les titres courts offrant des fenêtres sur l'œuvrequand les plus longs permettant de les vivre dans un état de semi-conscience. Il rappelle que nous passons plus d'un tiers de nos vie à dormir et que cette activité régénératrice doit bien mériter quelque support.

Attristé que l'évolution de la musique contemporaine ait permis de formuler de nouveaux moyens d'écoute en y perdant le sens des berceuses, il repart de l'idée développée par Cage, La Monte Young et Terry Riley d'un continuum musical à déployer dans le temps qui ralentit la marche du monde. Le fameux bouton pause.

Et de terminer son explication par la phrase suivante : " Ma démarche est un constat à partir de l'accélération continuelle du monde, et c'est aussi une déclaration politique, à l'encontre de ce phénomène."

Nous soutenons.

 J-P Simard

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