L'AUTRE QUOTIDIEN

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L'éphéméride du 14 juin

Louise Glück photographed early in her career as poet and educator. (Courtesy of the Library of Congress)

L'air du temps

Sophia Chablau e Uma Enorme Perda de Tempo - Se Você

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L'éternel proverbe

La forêt est la pelisse du pauvre.

Proverbe estonien

Le haïku sur la tête

Un drapeau rouge
Dans une ruelle de Nara
Et la lune de jour.

Nakamura Teijo

Les mots qui nous parlent

Il est vrai qu’il n’y a pas assez de beauté dans le monde.

Il est vrai aussi qu’il n’est pas de ma compétence de lui en redonner.

Il n'y a pas non plus de sincérité et ici je peux être d'une certaine utilité.

Je suis

au travail, bien que silencieuse.

La fade

misère du monde

nous serre de chaque côté, comme une allée

bordée d’arbres ; nous sommes

ensemble ici, sans parler,

chacun dans ses pensées ;

derrière les arbres le fer forgé

des portails de maisons privées,

pièces aux volets fermés,

l’air désert, abandonné,

comme si l’artiste avait

le devoir de créer

de l’espoir, mais avec quoi ? avec quoi ?

le mot lui-même,

faux, un artifice pour réfuter

la perception – À l’intersection,

les lumières ornementales de la saison.

J’étais jeune alors. Voyageant

en métro avec mon petit livre

comme pour me défendre

contre ce même monde :

tu n’es pas seule,

disait le poème,

dans le sombre tunnel.

/

It is true there is not enough beauty in the world.

It is also true that I am not competent to restore it.

Neither is there candor, and here I may be of some use.

I am

at work, though I am silent.

The bland

misery of the world

bounds us on either side, an alley

lined with trees; we are

companions here, not speaking,

each with his own thoughts;

behind the trees, iron

gates of the private houses,

the shuttered rooms

somehow deserted, abandoned,

as though it were the artist’s

duty to create

hope, but out of what? what?

the word itself

false, a device to refute

perception-At the intersection,

ornamental lights of the season.

I was young here. Riding

the subway with my small book

as though to defend myself against

this same world:

you are not alone,

the poem said,

in the dark tunnel.

Louise Glück – Il est vrai qu’il n’y a pas assez de beauté dans le monde … – October (poem) – The New Yorker (28 October 2002) . Poème cité dans le livre de James Longenbach, La résistance à la poésie (Editions de Corlevour, 2013) Traduit de l’anglais 'États-Unis' par Claire Vajou

Louise Glück