L'AUTRE QUOTIDIEN

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L'éphéméride du 11 mars

L’image du jour

Photo Sergio Purtell - Love’s Labour

L’air du temps

Ibeyi - Recurring Dream

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Le haïku de coeur

Le costaud pourtant est mort
Même sa fièvre allait bien
Dit le faible

Jean Paulhan

L'éternel proverbe

Dès qu'un corbeau voit une rose, il se prend pour un rossignol.

Proverbe georgien

Les mots qui parlent

Ce qui est insupportable, c’est de se trouver quelque part, dans un café, pendant un rendez-vous inoffensif, et de sentir soudain un bruit de ferraille, de tiges en fer, de choses terriblement oxydées qui roulent lentement dans ton cœur (dans la partie interne, toujours dans la partie interne) et je tremble, je ne parle pas, je suis temps, je suis espace, je cherche à quoi m’accrocher pour ne pas tomber, mais je ne tombe pas, je suis rivée à mon siège.

Quelque chose veut te faire mourir et te laisser vivante, quelque chose t’éloigne de tout geste connu, de tout souvenir familier. Je voudrais les voir tous en train de me voir soudainement possédée par une roue dentée oxydée, qui tourne lentement à l’intérieur de la poitrine ou dans la mémoire ? Ou dans le cerveau ? Si ça pouvait être une maladie horrible, avec un nom et une fin ; Mais ça ne va jamais s’arrêter. Quelque chose t’obsède, t’angoisse, te renvoie à une zone épouvantable, où il n’y a que peur, peur, peur encore.

Alejandra Pizarnik
, Journal 1959 -1971