Les paroles "Once a slag, always a slag" retentissent sur le téléphone de ma fille, qui me montre une vidéo d'elle et d'une amie, dansant de manière séduisante devant la caméra. Je reconnais les performances de genre qu'elles mettent en scène et je m'interroge sur le décalage entre la façon dont elles se perçoivent elles-mêmes et la façon dont elles sont perçues par les autres.

Philippa James propose ici une exploration visuelle saisissante de l'enfance, exposant la tension entre l'identité, les pressions sociétales, la performance de genre et le paradoxe de l'innocence et de la désirabilité à l'ère du smartphone.

D'une part, paraître désirable et beau est considéré comme une bonne chose ; c'est une source de pouvoir et de validation. C'est du moins ce que leur répètent constamment la société, les médias, les pairs et la famille. D'autre part, on leur fait honte et on les accuse d'être des victimes, en leur disant de se cacher, de se restreindre et de se supprimer. C'est comme si on leur demandait d'être à la fois Madonna et putain. D'être chastes, innocentes et pures, mais aussi sexy, sauvages et désirables.

Cette série photographique à plusieurs niveaux interroge les complexités de l'enfance, toutes nées au début de la génération smartphone. J'ai observé ma fille et ses amies sortir de l'enfance, tout en étant consciente qu'elles sont loin de l'âge adulte. En photographiant leur quotidien, je vois à quel point elles sont obligées de naviguer dans les scripts culturels et les performances dont elles ont inconsciemment hérité.

Philippa James a remporté le prix LensCulture Emerging Talent Awards 2024

Texte et images Philippa James le 17/02/2025, édité par la rédaction
Passer pour une garce ou la féminité à l'heure du smartphone