L'AUTRE QUOTIDIEN

View Original

L'ici et l'ailleurs du désir avec Liliroze

« Les titres des cinq séquences qui composent l’ouvrage donnent des clés d’entrée : Nuances, Silences, Abîmes, Paradis perdus, Jardins secrets. LiliRoze explore tour à tour le désir, la passion, le manque, l’enfance, la perte, notre rapport au temps qui passe. Dédié à son père, ce livre est ainsi autant un journal intime et un cheminement intérieur qu’une fenêtre sur le monde onirique qu’elle déploie. Face à l’instabilité de notre monde, LiLiROZE propose un espace imaginaire, où les êtres sont transfigurés. Personnages de fiction, ils s’épanouissent dans le mystère de la beauté. Ici et Ailleurs est un hommage à la dualité de nos vies (fragilité et force), et à leur inexorable fulgurance. LiliRoze sait merveilleusement tisser des liens, entre ici (et maintenant) et ailleurs (pour l’éternité), dans une atmosphère mêlant mélancolie, douceur et romantisme. »

« Ces étrangetés deviennent des réalités… Parce qu’au lieu de se borner à la restitution diversement intense du visible, elles y annexent encore la part de l’invisible aperçu occultement. »     Paul KLEE, conférence d’Iéna, 1924.

« Each day is a drive thru history     Chaque journée est un élan qui traverse l’histoire.

… Sometimes when it’s all spun out          Parfois lorsque tout est diffus

And all that is ugly recedes.                    Et que toute laideur s’efface

Into a deep sleep                                     en un profond sommeil

There is an awakening                            Il y a un éveil

And all that remains is true. »                et tout ce qui demeure est vrai

                                                                                                              Jim Morrison/ Wilderness

Au palais de cette élection, au secret de ces pages, s’ouvre un monde pluriel fait de fleurs et de danses, de regards baissés, de pudeurs et de voix, d’effusions, de parfums, d’eaux baptismales…de nuits d’hiver où se poursuit le songe des amours et de cet art d’aimer, cher à Ovide, dans un décompte du temps qui infirme les propositions délétères de ce temps actuel, obscur et frigide.

Cet Ici et Ailleurs donne à Liliroze tout l’espace, au sein de nos âmes et de nos corps endormis, de ré-activation de l’aventure, l’Aventura, dont nous rêvons en secret comme un rêve de libertés retrouvées, fantasmatiquement, et auquel tout amour naturellement sensuel porte.

Cette intention, quasi shamanique, porte un vœu de renaissance, une situation d’un classicisme ré-ensemencé, un théâtre ritualisé des amours romantiques, dans la situation de l’empreinte classique d’une nymphe et d’un génie, pour s’établir un peu plus loin en son regard haptique, où, comme les peintres impressionnistes, tout ce qui est peint est vivant, ombres, lumières, carnation, corps de marbre issus de la statuaire, mouvements, intentions, dans leurs  transmissions physiques et métaphysiques, afin de donner au rêve sa couleur et sa forme, son dynamisme, sa puissance, son énergie.

 Interview improvisée de Liliroze sur Ici et Ailleurs, lors du lancement du livre et l’exposition photographique à la galerie l’Entrée des Artistes, 25, rue des Tournelles, Paris 75004.

Your browser doesn't support HTML5 audio

Liliroze - ici et ailleurs Pascal Therme

Voici un bien beau livre, idéal cadeau pour celles et ceux qui aimeront les nus assez picturaux de Liliroze, issus des préludes aux amours enchanteurs où toute une photographie rend visible, lisible, une confidence complice, comme si nous avions, lecteurs élus, passé le seuil de cette demeure si particulière, si élégante, si mystérieuse et que nous ayons été séduits par ces images dans leurs prolongations, cette photographie rendant l’amour au romantisme, à l’art d’aimer, à l’art du voyage, au bonheur d’un palais baroque des Mille et une nuits, à tout ce que l’imaginaire peut encore respirer, espérer de ces fleurs aux parfums envoutants. Il en est de ces photographies comme des parfums qui habillent ensuite l’espace des rêves et des romans, et qui parent souvent ce conte  habitant la chair.

Un silence se partage et glisse l’ombre, qui, hier encore, puritaine, aurait voulu voiler ce sang, le noyer dans la mort pornographique de la négation du Sujet et de son Éros  –  tout silence suggère une défaite, quand l’intensité des confessions (très XVIII) revient au delà de ces pages hanter, dans cette apostrophe très baudelairienne, le sensualisme * du style photographique, voix chères qui se sont tues, quand, cet ici et Ailleurs affirme le corps en gloire dans  la royauté des sens, par ses désirs (celui de Liliroze en premier et de ses modèles) dans cet appel à une séduction des sens et de la liberté des Jeux amoureux et divins… assembleurs de nuages et de libertés d’être – glisse l’ombre afin que naissent ces soleils à l’or frais des feuillages.

Ici et Ailleurs assemble formellement cinq chapitres, Nuances, Silences, Abîmes, Paradis perdus, Jardins secrets, comme les cinq doigts d’une main de feu à la douceur d’une plume d’ange.  Si on s’y prête, cette photographie appelle la somptueuse séduction des « courtisanes », ce féminin qui fait chant aux yeux des hommes et des femmes, sans fausse pudeur. ici repose, à mon sens, un des fondements de nos humanités et du mystère qui nous lie à l’aventure, au roman, aux arts en général, parce que cet Éros ne saurait être tenu en laisse, et qui, libre de lui même, est un jeu pour s’éprouver soi même et se connaître.

C’est un livre qui s’inspire de la peinture, baigneuses éternelles au bain, dans cette nudité des grands peintres.

C’est un livre aux yeux caressants, buées de larmes, épouses de l’instant, beautés caressantes des pages, profondeur des soirs, intimité des sources au bois charmé, quand le génie du lieu, est un dieu invisible, invoqué et présent…

C’est un livre joyeux et sombre, buveur de thé indien et de coton anglais, bateau ivre et sage, de tout temps, de tous âges et de tout nom; c’est un livre de fragrances, de fleurs et de parfums, c’est un livre à la tendresse aimable, larmes d’Éros, déployé sur l’abîme, dédié aux Muses, chant de l’Aède et du poète. D’invisibles miroirs aident à franchir les portes du temps et de l’espace, sortir de la nuit et de l’obscur, renaitre au jour dans sa couleur, verts pianistes qui composez sa demeure, faites donc jouer la fugue qui, jamais ne s’absente.

Une statuaire antique résonne en ces poses, faut-il penser à Baudelaire et à l’antique beauté, quand au bain le soir s’éteint, que la nuit avance son humeur vespérale. Rêves anciens et caressants, silencieuses offrandes aux dieux invisibles et présents, aux forces souterraines de l’âme prisonnière en son chagrin et au don qui en est fait.

A feuilleter Ici et Ailleurs, à passer de chapitre en chapitre, à aller et venir en ces miroirs clairs, à contempler cette photographie lisse, au grain de soie, à se laisser hâler aux noirs profonds et enchanteurs, à ces couleurs de peintres, ces verts, ces bleus et ces rouges, qui enflamment toujours délicieusement l’œil, sans jamais en arrêter le flux, à permettre le voyage, un rendez-vous secret est donné au centre de la nuit.

Il faut saluer la grande technique de l’éditeur, Hemeria, parce qu’il permet à la photographie de Liliroze de se délier heureusement des impératifs de l’imprimerie et de donner à ses lecteurs un même plaisir dans la découverte de ses baigneuses, de ses intérieurs, ici, l’intimité joue à plein la complicité des textures, là, la peau, les voiles, la gaze et la soie, les teintes de l’hiver ou du printemps sont rendues magistralement à l’auteur et à son travail, afin que se propage, plus loin et plus longuement, le charme qui en émane…

Soit que cette photographie ne prenne dans ses rais que le corps, que la pose, que le froissement des cuisses, que le profil ou le dos, soit que la silhouette ou le voile bleu ne vienne caresser de sa mousse l’âme qui s’étire en ce corps nubile, à la peau nacrée, il s’agit de peindre cette légèreté qui fait mouvement dans la grâce de ces corps qui s’étirent, se voilent et se dévoilent, dans un chant secret.  Parfois, le mystère d’un miroir accroit la profondeur de l’image, accuse la beauté des courbes, des hanches et des seins, faisant fuser l’ombre nacrée d’un pubis, fleurs en tous points qui s’étirent au soleil et par lesquelles s’exhalent encore des parfums envoûtants.

Liliroze peint en photographe ces forces tranquilles qui accomplissent le geste dans l’harmonie, séduite par le chant intérieur de ces poses, comme on peut imaginer  Renoir, Degas, Ernest Renoux, Bonnard précédemment l’avoir fait;  Peut-on rappeler que Fragonard (XVIII) Charpentier s’aidaient de  bijoux, de fleurs pour rehausser le teint de leurs modèles, célébrer la carnation du beau, rehausser, donner profondeurs et présences aux visages, aux corps.  Dois-je évoquer le portrait de Georges Sand par Charpentier, Ophélie par Léopold Burthe, 1852, ou l’empreinte émérite de ces peintres célèbres, Delacroix, Chassériau, Girodet, plus discrets, Cogniet, Burthe, Gigoux, qui ont inséminé la photographie de Liliroze dans ses références et dans son style inspiré du Romantisme.

LD-Naples-impression-soleil-levant

Il faut égrainer ces pages magistrales, voyager par les photographies de Liliroze, eaux dormantes, régénérantes, lustrales, où une érotique du vivant désir lui permet de surprendre la nuit hivernale en son froid dans un mariage chromatique des verts, des bleus et des rouges, quand la vie, de nouveau désirante, se laisse aller aux corps juvéniles et pleins, et que sa photographie à la chambre, permet de saisir la carnation des peaux, la lenteur désirée des poses, la fuite d’un profil ou d’un dos, lorsque s’allument les feux du regard, que la complicité des sens est devenue élective; les corps sont alors ces fleurs de la présence du corps, continuités de l’âme elle même, qui, au printemps célèbrent allégoriquement la joie de la Nature, cet Éros éternel et symbolique, hymne vénérable des renaissances au cycle de la Nature.

Le regard du lecteur, à la suite de l’auteure, s’est épris de ces jeunes femmes, aux seins pleins, aux lèvres ourlées, aux jambes envoutantes, aux courbes fuyantes, aux reins à peine voilés de gaze, quand l’ antique promesse des Fauves et des Nabis, statues de marbre vivantes, érotique classique, l’antique promesse des peintres impressionnistes aussi s’en est trouvé fêtée, voire comblée et que le temps présent s’est absenté dans cette actualité des présences multiples, à l’universelle beauté, pour une plus grande appétence à vivre et à aimer le Vrai au delà du Beau.

Pascal Therme, le 9 /12/ 2024
Liliroze - Iciet Ailleurs - éditions Hemeria

  • L’école de la peinture sensualiste est fondée par Jean-Yves GUIONET dans les années 1990, il est peintre chercheur. Il a posé un enseignement artistique associant la philosophie sensualiste aux neurosciences et à la créativité, pour mieux comprendre la peinture dite «sensible et incarnée». Cette approche attire de plus en plus de peintres, amateurs et professionnels de tout horizon. J.Y. Guionet propose une véritable méthodologie pour abaisser le mental et peindre en connexion, comme un reset du système sensoriel et cognitif.

https://liliroze.com/

https://hemeria.com/

https://liliroze.com/portfolio/books-music/books/

Caractéristiques techniques et diffusion Format 24,5 x 31,5 cm Livre photo 184 pages 160 photographies Livre bilingue français-anglais Prix 69 € ttc Parution 4 décembre 2024. Reliure cartonnée, dos carré, marquage à froid de la couverture, cuvette. Impression sur Munken Lynx en 7 couleurs, avec des technologies de traitement d’images et d’impression sur-mesure, développées par Hemeria Rayon Photographie

ISBN 978-2-490952-59-5 Diffusion-distribution BLDD – Les Belles Lettres