L'AUTRE QUOTIDIEN

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Tenir bon, mode d'emploi avec Mari Katayama

Les œuvres de Katayama, profondément autobiographiques mais à la portée universelle, invitent les spectateurs à interroger le poids des attentes sociales sur la construction de l’identité individuelle, suscitant une réflexion sur la manière dont nous percevons les autres et sommes perçus par eux Le travail de Katayama remet en question les normes sur le corps et la vie, offrant de nouvelles pistes sur la question de savoir où finit le « je » et où commence le « tu ».

Mari Katayama, Shell — Self-portrait with Hand-sewn objects., 2016 © Mari Katayama

Le processus créatif de Katayama commence par des objets en tissu assemblés et cousus à la main, suivis d’autoportraits. En 2024, elle a réalisé sa sculpture la plus ambitieuse à ce jour, qui sera exposée pour la première fois en 2025 au Victoria & Albert Museum de Londres. Cet objet, qui fait partie de sa série red shoes, est imprimé de photographies de sa peau et de ses mains. Il fonctionne comme un accessoire, un costume et un décor, révélant et dissimulant à la fois son corps. Les talons rouges que l’on voit dans ses images résultent de sa collaboration avec la marque de chaussures italienne Sergio Rossi dans le cadre du High Heel Project, initié en 2011. L’objectif du projet est de créer des chaussures à talons hauts adaptables aux prothèses, revendiquant la « liberté de choix » pour tous, quelles que soient les capacités physiques de chacun. Les autres chaussures rouges figurant sur les photographies appartiennent à d’autres personnes impliquées dans la deuxième phase de ce projet, toujours en cours.

Mari Katayama, vue de l’exposition This is how we stand our grand, galerie Suzanne Tarasiève, Paris © Rebecca Fanuele

Sa série cariatides tire son nom des statues antiques qui portent les façades des architectures grecques et romaines. Elles symbolisaient la force, la beauté, et le lien entre la terre et le ciel. Les admirant depuis qu’elle est toute petite, Katayama explore son propre sentiment de déconnexion du sol, décrivant une sensation de lévitation avec ses prothèses qui lui permettent de se tenir debout. Depuis sa première exposition personnelle à l’étranger il y a cinq ans, Katayama a cherché un moyen de survivre en tant qu’artiste, financièrement et physiquement, avec sa famille (qu’ils soient ou non liés par le sang). C’est ainsi qu’elle a trouvé l’expression « se tenir les pieds sur terre », que l’on retrouve dans la série des cariatides. Chaque photographie en noir et blanc de cette série est imprimée à la main sur du papier baryté par l’artiste elle-même.

Née en 1987, Mari Katayama a participé à de nombreuses expositions importantes, notamment à la Biennale de Venise (2019), à la Maison européenne de la photographie (2021), à Foto Arsenal Wien (2023) et aux Rencontres d’Arles (2024). Ses œuvres sont présentes dans d’importantes collections publiques et privées telles que la MEP, la Tate Modern, le CNAP et la Fondation Francès.

Bill Ballantine, le 25/11/2024
Marri Katayama
- This is how we stand our ground - 21/12/2024
Galerie Suzanne Tarasiève 7, rue Pastourelle 75003 Paris