Hier, les femmes d'Argentine se sont mises en grève une heure contre la violence machiste
« Nous, les femmes, faisons grève » Au lendemain de la Conférence Nationale sur les Femmes, les argentines ont appelé à une grève nationale des femmes, le mercredi 19 octobre. Des assemblées extraordinaires se sont auto-convoquées dans plusieurs villes du pays : Buenos Aires, Rosario, La Plata, Mendoza, Córdoba. Des regroupements multi sectoriels se sont créés en quelques jours avec des femmes appartenant à différents partis politiques ou indépendantes, professeures, travailleuses ou étudiantes.
Elles réclament une responsabilisation et une action de l’État face à l’urgence de la situation : plus de dix assassinats de femmes en une semaine. Cette manifestation a été organisée suite au meurtre de Lucía Perez, 16 ans, dimanche dernier. La douleur de cette jeune fille droguée, violée et empalée par trois hommes a été telle qu’elle en est morte. Ce meurtre et tous ceux qui ont eu lieu montrent l’extrême violence dont les femmes sont victimes. En réaction à ces crimes sexistes, les femmes ont appelé à une grève. Appel qui s’est d’abord organisé sur les réseaux sociaux, puis lors d’assemblées extraordinaires. Des centaines de femmes se sont réunies et ont décidé de l’heure de l’arrêt des activités, des modalités de la grève et veulent que la marche soit placée sous trois revendications : #Niunamenos (ni une de moins), #Vivanosqueremos (nous nous voulons vivantes) et #Nosotrasparamos (nous, les femmes, faisons la grève).
La grève a eu lieu de 13 heures à 14 heures. Chaque femme participe selon ses moyens. Toutes n’ont pas la possibilité d’arrêter leur activité professionnelle pendant une heure car elles risquent de perdre leur poste. Toutes vêtues de noir, elles sont sorties dans la rue, ont distribué des flyers ou porté un ruban noir sur leur lieu de travail. Seules les femmes pourvaient participer à cette manifestation, pour que la cause soit visible. A Rosario, à 18h, à la sortie de leur travail, les argentines se sont réunies sur la Place San Martin, face au Gouvernement Provincial de Santa Fe, pour ensuite engager une marche vers les Tribunaux provinciaux et faire entendre leur voix.
Les femmes réclament la responsabilisation et l’action de l’État face à l’état d’urgence de la vie des femmes. Toutes les 28 heures, une femme meurt simplement parce qu’elle est une femme. Elles demandent également que la loi 26.485 de Protection Intégrale de la Femme entre pleinement en vigueur. Aujourd’hui seulement 38 féminicides ont été reconnus comme tels par la Justice, depuis le début de l’année. 16/10/2016.
A la veille de la grève, le Gouvernement de Macri a présenté un projet de modification du Ministère Publique Fiscal. Celui-ci éliminerait l'Unité Fiscale Spécialisée en Violence contre les Femmes (UFEM), unique dans le pays, qui se consacre à l'investigation de féminicides.
De plus, dans le projet du Gouvernement, n'est cité aucune fois le mot "femme". Oubli ou choix délibéré?
Cette décision du gouvernement de Macri est plus qu'alarmante, dans un contexte d'état d'urgence pour la vie de la femme. Car nous parlons de 12 cas de féminicides en une semaine.
Voici quelques sources à ce sujet:
http://cosecharoja.org/un-proyecto-oficial-elimina-la-fiscalia-especializada-violencia-de-generao/
http://www.perfil.com/politica/polemica-por-la-eliminacion-de-la-unidad-contra-la-violencia-de-genero.phtml
http://agencia.farco.org.ar/noticias/el-gobierno-nacional-busca-eliminar-la-unidad-fiscal-especializada-en-violencia-contra-las-mujeres/
http://www.pagina12.com.ar/diario/elpais/1-312107-2016-10-19.html
Natacha Ferrer, Étudiante en Communication Sociale, Université Nationale de Rosario, pour L'Autre Quotidien