L'AUTRE QUOTIDIEN

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Mort de milliers d'oies blanches qui se sont posées sur un lac toxique

Des milliers d'oies des neiges viennent de mourir pour s'être posées pendant leur migration annuelle dans le lac hautement toxique du puits de Berkeley, à Butte, dans le Montana. Ce n'est pas la première fois que cela arrive. 325 étaient mortes en 1995 d'avoir fait le même choix malheureux. Ce qui avait conduit les autorités à ordonner à la compagnie propriétaire de veiller à trouver un moyen d'écarter les oiseaux migrateurs.

Elle pourrait donc être aujourd'hui poursuivie si elle n'est pas capable de prouver qu'elle avait tout fait pour qu'un tel incident (peut-on parler d'incident ?) ne se reproduise pas. Là, on parle de milliers de victimes. D'après Mark Thompson, le responsable du département des affaires environnementales de la compagnie responsable de cette mine de cuivre à ciel ouvert désaffectée et remplie d’eau et de déchets toxiques, Montana Resources, le lac était blanc tant les oies sont arrivées en nombre. Lundi, il en restait une cinquantaine de vivantes. Mardi, elles étaient toutes mortes. Ce n'est pas tellement la mort stupide de ces oies qui ennuie les autorités locales, et singulièrement sa responsable du tourisme, Maria Pochervina, - quoiqu'on se demande, à voir la photo, ce que des touristes viendraient faire à Butte, Montana - mais plutôt le fait regrettable qu'elle va nuire à la bonne réputation de la ville et de la région, alors que d'après elles, "les touristes sont fascinés par le puits. Quand on leur dit la valeur des minéraux qu'on en a extraite, l'amélioration pour leur vie qui en est résultée, ils sont vraiment fascinés par ça."

Nous voulons bien croire Maria Pochervina.

Non attendez, répétons cette phrase : nous voulons bien la croire ?

Certains nous accuseront de sensiblerie, d'en faire beaucoup pour quelques oies (un commentaire sur le site Facebook du Montana Standard, le quotidien local, le dit très bien : "Ces oies seraient mortes un jour de toute façon", c'est clair, mais cela n'arrange pas l'affaire), alors qu'on tue chaque année par millions des animaux dans les abattoirs du monde. Soit. Qu'on se tienne à cette "objection de bon sens" si on ne tient pas à chercher plus loin. Notre point de vue, c'est plutôt que cette catastrophe mineure mais symbolique devrait nous rappeler à quel point nos choix de société ont une influence directe et durable - des siècles ou plus pour les déchets nucléaires - sur le cours de la nature et le destin de la planète. 

Christian Perrot