L'AUTRE QUOTIDIEN

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L'INSEE confirme : les français ont du mal à s'imaginer en couleur

Fidèles à notre volonté de ne pas seulement vous donner notre point de vue, mais aussi accès à des documents qui nourrissent la réflexion, nous continuons notre collection de .pdf avec la publication de l'introduction du Rapport 2016 de L'Institut National d'Études Démographiques et de l'Insee sur  'les effets de l’origine sur le devenir des personnes vivant en France métropolitaine". Sa conclusion, vous le verrez, est on ne peut plus claire : il existe bel et bien un "déni de francité" qui témoigne des résistances de la société française à intégrer certains descendants d’immigrés nés en France. Plus grave encore, cela ne s'arrange pas avec le temps.

Un arabe français depuis deux ou trois générations reste aux yeux des Français blancs un arabe tout court. Pareil pour les Africains. Voilà la réalité qu'on essaie toujours d'atténuer en répétant que les Français ("blancs" est tristement sous-entendu) ne sont pas "vraiment" racistes. Seulement "un peu inquiets, bouleversés dans leurs habitudes" (alors qu'il y a des arabes et des africains en France depuis combien de temps déjà ?). Ce qui est déjà une manière de légitimer leur refus total d'accepter que la France ne soit pas plus à eux qu'à d'autres. D'où l'existence du "déni de francité" dans notre pays. Et les malheurs qu'il entraîne nécessairement. Car si l'on est "chez nous", les autres ne sont pas "chez eux". Or nous vivons tous "ici". Cet ici qui échappe à tous. Aux uns parce qu'ils se sentent dépassés. Aux autres parce qu'on leur fait sentir qu'ils n'y ont pas leur place.

Un extrait :

"Plus de 50 % des immigrés originaires d’Afrique qui ont obtenu la nationalité française pensent qu’on ne les perçoit pas comme Français. Cette perception par les autres ne contredit pas seulement la citoyenneté objectivement mesurée, elle peut aussi venir en opposition avec le sentiment personnel d’appartenance à la France. Ces situations de « dissonance » identitaire se maintiennent, voire progressent au fil des générations, en particulier parmi les personnes d’origine extra-européenne: près d’un descendant d’immigré sur deux est ainsi en situation de « dissonance » parmi ceux dont les parents sont originaires des pays sahéliens (Sénégal, Mali, etc.), contre seulement un tiers parmi les immigrés de même origine. Ce « déni de francité » témoigne des résistances de la société française à intégrer certains descendants d’immigrés nés en France. En dépit de cette expérience de rejet, les immigrés et descendants d’immigrés adhèrent massivement à l’identité française. Aux propositions « Je me sens chez moi en France » ou « Je me sens Français », une immense majorité répond « d’accord » ou « tout à fait d’accord », dans tous les groupes d’origine (chapitre 18). Fait remarquable : le sentiment d’appartenance à la nation française se forge aussi parmi les personnes qui n’ont pas été naturalisées : plus d’un étranger sur deux (56 %) déclare se sentir Français. Suivant les attendus du modèle assimilationniste, l’affirmation du sentiment d’appartenance à la nation française progresse régulièrement au fil des générations: culminant à 98 % parmi les personnes de la population majoritaire, elle trouve l’assentiment de 97 % des descendants d’un seul parent immigré (la génération 2.5), de 89 % des descendants de deux parents immigrés (la deuxième génération), 76 % des immigrés arrivés enfants (la génération 1.5) et 52 % des immigrés venus adultes (la première génération). L’adhésion des immigrés et de leurs enfants à l’identité française ne signifie pas un abandon de leur sentiment d’appartenance à leur pays d’origine (chapitre 18). L’identité des personnes se construit de façon plurielle: la progression de l’identification à « ici » ne se traduit pas nécessairement par la réduction du sentiment d’appartenance à « là-bas »; les identités ne sont pas en concurrence mais se complètent. Le même constat d’articulation entre « ici » et « là-bas » apparaît dans l’étude de l’implication dans la politique: l’intérêt déclaré par les immigrés et leurs descendants pour la politique dans leur pays d’origine ne diminue pas leur intérêt pour la politique en France, qui atteint d’ailleurs des niveaux plus élevés que l’intérêt déclaré par la population majoritaire (chapitre 17)."

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