L'AUTRE QUOTIDIEN

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Chelsea Manning a tenté de se suicider

Chelsea Manning a tenté de se suicider mercredi 11 mars, à deux jours d’une audience sur son refus l’an dernier de témoigner devant un grand jury, a indiqué son groupe de soutien.

La lanceuse d'alerte Chelsea Manning a été incarcérée le 8 mars 2019, et condamnée à une amende sans précédent de $1000 par jour tant qu’elle refusera de répondre aux questions du grand jury secret qui a inculpé Julian Assange, fondateur et éditeur de WikiLeaks, qui a publié les informations qu'elle a divulguées. C’est un procédé honteux, digne des pires dictatures. L'importance de ce que Chelsea Manning et Julian Assange ont fait est évidente. Comme il semble évident que tout véritable défenseur des droits démocratiques doit se battre énergiquement pour leur liberté.

Parmi les informations que Manning a fournies à WikiLeaks en 2009-2010 figurait la tristement célèbre vidéo «Collateral Murder», qui montre le massacre de civils et de journalistes de Reuters dans la banlieue irakienne de New Bagdad. Elle a divulgué 400.000 documents connus sous le nom de «journaux de guerre d'Irak» et 91.000 autres documents qui ont fait partie des «journaux de guerre d'Afghanistan». Plus de 250.000 câbles diplomatiques américains ont également été publiés, révélant les intrigues quotidiennes et les conspirations auxquelles se livrent les ambassades et consulats américains dans le monde entier. Les révélations ont contribué à inspirer les gens ordinaires en Tunisie, en Égypte et ailleurs à se soulever contre la dictature et l'oppression.

Tout ce que Manning a fourni à WikiLeaks a servi à alerter le public sur les opérations criminelles de l'État américain. Lorsqu'elle s'est préparée à partager les documents avec les médias, Manning a écrit un fichier readme.txt qui disait, en partie: «C'est l'un des documents les plus importants de notre époque qui élimine le brouillard de guerre et révèle la vraie nature de la guerre asymétrique du 21e siècle.»

Il est bien connu – pour en revenir à son arrestation en 2010 et à sa condamnation en 2013 à 35 ans de prison pour 21 chefs d'accusation de violation du Code uniforme de justice militaire – que Chelsea Manning a toujours soutenu qu'elle avait agi seule en divulguant des informations. Le bilan est clair. Elle s'est d'abord rendue au Washington Post et au New York Times avec ses téléchargements classifiés et, après que ces publications de l'establishment n'eurent manifesté aucun intérêt, elle s'est tournée vers WikiLeaks.

Manning a passé près de sept ans en prison pour ses actes courageux, y compris sa détention à la base des Marines de Quantico, dans une cellule de 2 x 4 mètres sans fenêtre, ainsi qu'à la prison fédérale américaine de Fort Leavenworth au Kansas. Sa peine de 35 ans de prison a été commuée – mais sans qu'elle soit grâciée – par le président Obama en janvier 2017, quelques jours seulement avant l'investiture de Donald Trump.

Quoi qu'il en soit, l'appareil d'État tente de forcer Manning à se rétracter de son précédent témoignage afin de rassembler de nouveaux «faits» qui puissent être utilisés contre Julian Assange.

En avril, Assange a été inculpé par l'administration Trump sur 18 chefs d'accusation, dont 17 pour violation de la loi draconienne sur l'espionnage, qui prévoit une peine d'emprisonnement à vie allant jusqu'à 175 ans. Il est détenu dans des conditions très dures, sous le prétexte qu’il pourrait représenter un risque de «se soustraire à la justice», dans la prison de Belmarsh à Londres, et risque l’extradition vers les États-Unis. Le procès est en cours.

Le 9 mai, Manning a été libérée de sa première détention – après l'expiration du mandat initial du grand jury – mais elle a été immédiatement arrêtée de nouveau le 16 mai et assignée à comparaître devant un nouveau grand jury. Pour la deuxième fois, Manning a refusé de répondre aux questions. Elle a déclaré: «Ce grand jury cherche à saper l'intégrité du discours public dans le but de punir ceux qui dénoncent tout abus de pouvoir grave, continu et systémique de la part de ce gouvernement.»

Le traitement aux allures de vengeance de Chelsea Manning comprend «l'isolement préventif» – un euphémisme de prison pour l’isolement cellulaire – et une amende sans précédent de $1000 par jour pour avoir refusé de répondre aux questions du grand jury. Si elle est libérée en octobre 2020, elle devra jusqu'à 440.000 dollars au gouvernement américain !

Nous vous invitons à rejoindre le Comité de soutien à Chelsea Manning : https://xychelsea.is et à lui écrire :