L'AUTRE QUOTIDIEN

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Poulomi Basu, une photographe avec les maoïstes et les tribaux en guerre contre l'état indien

De multiples perspectives s'entrecroisent et convergent dans le docu-fiction "Centralia" de Poulomi Basu, qui raconte l'histoire complexe du conflit entre les tribus indigènes, les entreprises soutenues par le gouvernement local, les forces militaires et l'État indien.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Les pages du Centralia de Poulomi Basu s'ouvrent sur un paysage de rêve de sites miniers et de collines environnantes illuminées la nuit par le feu. Dans la forêt voisine, un visage apparaît dans l'ombre, un chien erre dans la lumière du feu, et les arbres rougeoient dans des images floues d'horreur. Avec ce "prélude à un paysage apocalyptique", Basu prépare le terrain pour Centralia, un livre qui a mis dix ans à voir le jour et qui a finalement été publié l'année dernière par Dewi Lewis et salué par la critique.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Le titre de l'ouvrage est tiré de la ville de Centralia, en Pennsylvanie, aujourd'hui disparue. Pendant l'ère coloniale, les colons ont acheté la terre à des tribus indigènes et l'ont développée pour en faire un centre d'extraction de charbon. En 1962, un incendie s'est déclaré dans les profondeurs de la mine, qui continue de brûler à ce jour. La toxicité de l'incendie a entraîné la mort de la ville et le déplacement forcé de ses habitants.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

En tant qu'artiste et militante, Basu utilise l'exemple de la ville de Centralia et le récit de son propre livre pour éclairer l'histoire universelle des propriétaires terriens indigènes en conflit avec les entreprises soutenues par le gouvernement. La mission de Basu est d'exposer "les crimes cachés de cette guerre" et d'examiner les relations nuancées et complexes qui lient ces factions opposées.

L'histoire que raconte Basu se situe ailleurs. Au cœur des forêts de l'Inde centrale, où les forces gouvernementales poussent les tribus et les populations locales à quitter la terre pour réclamer des ressources naturelles, elle explore les trois principaux groupes impliqués dans cette guerre de l'ombre. Tout d'abord, le gouvernement et son bras militaire. Deuxièmement, les rebelles vivant dans les collines qui sacrifient volontairement leur vie pour la cause ; et troisièmement, les tribus environnantes qui jouent un rôle important et souvent inexploré dans la compréhension des conflits.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Pour faire le travail, Basu a fait de nombreux et souvent dangereux voyages pour visiter les tribus et les rebelles liés aux zones contestées. Le groupe rebelle, une faction maoïste connue sous le nom d'Armée de guérilla pour la libération du peuple (PLGA), est particulièrement difficile à contacter ; Basu attend, parfois pendant des jours, une note l'invitant à se rendre dans l'endroit secret de la forêt où se cachent les rebelles.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Alors qu'elle attend son invitation, Basu explore le rôle des tribus souvent marginalisées. Les médias indiens, conscients du rôle que jouent les spectateurs, sont agressifs dans leur programme pour influencer l'opinion publique à grande échelle sur le PLGA. S'il y a des combats locaux, des violences ou des viols, les médias rejettent ouvertement la faute sur les rebelles, allant jusqu'à rhabiller les corps en uniforme de guérilla ou de gouvernement pour impliquer la PLGA. Les populations tribales, souvent trop généralisées comme étant simplistes et impuissantes dans les conflits, jouent des rôles surprenants dans leurs actions de soutien aux médias, aux rebelles ou au gouvernement.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Leurs vies sont capturées dans des scènes pleines de couleurs et d'une vibrance que l'on ne s'attendrait pas à voir dans un contexte de guerre, rappelant au spectateur que les spectateurs sont aussi complexes et centraux que le conflit qui les entoure. Dans une longue section imprimée sur des pages bleu vif au centre du livre, la photographe Poulomi Basu s'adresse à un journaliste vivant dans la région qui résume le conflit en disant : "personne ne vous dira la réalité, la vérité. Vous devez faire vos propres suppositions".

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Le travail de Basu est centré sur le rôle que les femmes jouent dans ce conflit, en soulignant à plusieurs reprises la décision qu'elles prennent de se lever et de se battre. Leurs histoires personnelles sont rapportées sur un papier doux, fin, presque translucide, de sorte qu'au sein des pages de Centralia, Basu contraste la complexité et la masculinité de la guerre avec une douceur féminine, obligeant le lecteur à regarder ce conflit d'un œil neuf. Les femmes ici ne sont pas des victimes stéréotypées, elles participent activement à la rébellion.

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Si, en fin de compte, Basu n'offre pas de solution au conflit, elle propose aux spectateurs une autre perspective, qui inclut des traces omniprésentes de beauté parmi les multiples fils croisés de ce récit à plusieurs niveaux. Dans les pages de Centralia, elle écrit : "La Vérité soutient la Terre parfumée et rend l'eau vivante humide. La Vérité fait brûler le feu et déplacer l'air, elle fait briller le soleil et faire croître toute vie. Une vérité cachée soutient tout. Trouvez-la et gagnez".

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

From the book “Centralia” © Poulomi Basu

Poulomi Basu - Centralia - Dewi Lewis Publishing
Justin Herfst,
édité par la rédaction le 23/02/2021

From the book “Centralia” © Poulomi Basu