L'AUTRE QUOTIDIEN

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Evacuation de migrants à la frontière gréco-turque

Des milliers de migrantEs qui attendaient depuis un mois, à la frontière gréco-turque, ont été transférés pour cause Covid-19, vers diverses villes dans la discrétion et le silence. Les migrants et la Grèce ont  accusé les gendarmes turcs d’avoir brûlé toutes les tentes.

Un migrant syrien, qui s’est entretenu avec Sendika.Org par téléphone, le 27 mars au matin, a souligné qu’ils ont été mis dans les bus par la force : “Ils nous ont dit que nous serions transférés à Malatya. Certains de mes amis ont été envoyés vers Osmaniye. Moi aussi, je voulais aller là-bas, car je suis enregistré à Adana [ville limitrophe d’Osmaniye]. Mais, ils ne m’y ont pas autorisé. Nous sommes dans le bus, depuis des heures. Nous n’avons rien mangé, rien bu. Il y a des femmes, il y a des enfants… Les gendarmes qui sont dans le véhicule, en ont acheté seulement lorsque nous avons réagi.”

Notons ici, que la distance entre Pazarkule est Osmaniye est d’environ 1270 km et Pazarkule-Malatya 1340 km.

Le même migrant a informé les journalistes plus tard, en confirmant qu’ils ont été amenés à l’ “Etablissement de séjour de Beydağı” à Malatya, un camp container.

Un migrant iranien, joint par Sendika.Org, confirme à son tour, qu’ils ont été placés dans des bus par la force. Il affirme qu’aucune explication ne leur a été donnée, et qu’ils sont amenés à Malatya Beydağı. “Toutes nos affaires sont restés à Pazarkule. Je ne sais pas ce qui va nous arriver, mais j’ai très peur d’être déporté. Je ne veux pas être renvoyé en Iran. Maintenant nous faisons la queue. Et dans peu de temps, ils vont prendre nos téléphones”.

D’autres réfugiés confirment de leur côté être transféré à Osmaniye, et les “établissements de séjour” de Düziçi, aussi un camp container.

Photos prises par un migrant. L’entrée du camp Osmaniye Düziçi et la nourriture qui leur est distribuée lors du voyage.

A Pazarkule, les tentes sont brûlées

Les images filmées par une migrante et partagées le 27 mars, sur les réseaux sociaux, montrent les tentes brûlées. On entend dans les conversations “Les soldats turcs brûlent nos tentes ! Ils nous chassent d’ici !”

Par ailleurs, le gouvernement grec a accusé les autorités turques d’avoir brûlé les tentes, avant même de commencer l’évacuation des migrants.

Le ministre d’intérieur turc Süleyman Soylu a annoncé que 5800 migrants sont répartis vers 9 villes, et seront “accueillis” dans les centres de rétention où ils resteront 14 jours en quarantaine. Les centres de rétention, s’appellent en Turquie, avec une traduction littérale : “Centres de renvoi”.

Il a également informé sur les Algériens, dont le retour est refusé par l’Algérie, restés coincés à  l’aéroport d’Istanbul. Ils seront envoyés à Karabük, entre Ankara et la côte de la mer Noire.

Süleyman Soylu n’a pas manqué d’envoyer un message à l’Europe : “Nous étions obligés d’effectuer cette opération, par précaution. Mais que personne ne se sente tranquille. Lorsque le risque de contamination aura disparu, qui veut retourner à Pazarkule, nous ne lui dirons pas non. Nous avons tout simplement pris des mesures au point de vue santé et humanité.”

Un appel commun par des organisations internationales

Pendant que le gouvernement turc, “accueille” ainsi aujourd’hui les migrants qu’il avait “invité” à aller vers la frontière hier, 21 organisations internationales publient aujourd’hui un appel d’urgence, concernant les migrants face au Covid-19.

“Alors que le monde est confronté à la pandémie COVID-19, les risques pour les réfugiés dans les îles grecques se multiplient d’heure en heure. Ils sont désormais également confrontés à la menace de la pandémie, dont les conséquences seraient catastrophiques pour les personnes confinées dans des camps”.

Voici le lien sur le site d’Amnesty International, un des signataires, “Grèce : Protéger d’urgence les réfugiés de COVID-19” pour l’instant en anglais : Greece: Urgently protect refugees from COVID-19


Cet article vient d'être publié par nos amis du site d'information sur la Turquie, le Kurdistan et la région, Kedistan. Nous les remercions de nous laisser partager leurs analyses et informations dans L'Autre Quotidien.